Covid-19 : les 36 bénéficiaires de la suspension de la dette africaine s’entre-déchirent

Afriquinfos Editeur
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Dette africaine

Dette africaine | La «magnanimité» du G20 envers 36 pays africains pour amortir le choc économique lié aux répercussions de la Covid-19 n’a pas reçu le même accueil sur le continent. Le géant ouest-africain avec à sa suite une dizaine de pays voient d’un mauvais œil cette suspension des services de la dette, tandis que d’autres pays sont prêts pour bénéficier des ressources disponibles grâce à ce moratoire des pays du G20.

 

Dès l’annonce faite en avril dernier par le G20 et les institutions de Bretton Woods de suspendre pour un an le service de la dette pour les pays les plus pauvres, dont une quarantaine de pays africains, celle-ci a été diversement appréciée. Pour certains analystes, ce moratoire était perçu comme une bouffée d’oxygène qui permettrait à ces pays de mobiliser les ressources qu’ils auraient pu engager pour rembourser la dette publique pour engager la riposte contre la pandémie de coronavirus. Pour d’autres experts par contre, ce geste du G20 était tout simplement une « insulte à l’égard des pays pauvres » car il ne permettait ne permet ni d’enclencher un cercle vertueux ni de donner un coup d’arrêt au processus d’endettement chronique des pays africains. Ces derniers étaient plutôt partisans d’une annulation pure et simple.

Cette scission se retrouve également au niveau des Etats africains bénéficiaires de cette suspension. Avec le Nigeria comme tête de proue, ils sont une dizaine à savoir : le Bénin, le Burundi, la Guinée-Bissau, le Kenya, le Liberia, le Lesotho, Madagascar, l’Ouganda, le Rwanda, la Somalie et le Soudan du Sud, a décliné l’offre du G20. Ces pays estiment que cette mesure évaluée globalement à 12,1 milliards de dollars n’est pas suffisamment intéressante sur le plan financier et les exposent à une dépréciation de leurs notes. Selon une étude menée par l’ancien président Thabo Mbeki, l’Afrique aura globalement besoin de 100 milliards de dollars pour mener une riposte efficace contre la pandémie et se relever de ses conséquences économiques. On est donc bien loin du compte.

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N’empêche, vingt-trois (23) (le Burkina Faso, le Cameroun, le Cap Vert, la Centrafrique, les Comores, le Congo, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Malawi, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Niger, la Sierra Leone, la RDC,  le Sénégal, la Tanzanie, le Tchad, le Togo et la Zambie) des 36  pays concernés par l’initiative du G20 y sont favorables.

Déjà à couteaux tirés au niveau de la CEDEAO sur le processus d’adoption de la monnaie commune l’ECO, les pays africains devront à nouveau batailler pour décider de la suite à donner à la suspension des services de leur dette.

 

Boniface T.