COP 27: L’Afrique souhaite mobiliser plus de financement pour son adaptation à la transition écologique

Afriquinfos Editeur
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Rotterdam (© 2022 Afriquinfos)- A deux mois de la tenure de la Cop 27, l’Afrique se  trouve en première ligne de la crise climatique mondiale, c’est ce qu’a fait observer Patrick Verkooijen, PDG du Global Center on Adaptation (GCA), lors du sommet sur l’adaptation en Afrique au Global Center on Adaptation, qui s’est tenu ce 5 septembre 2022 à Rotterdam au Pays-Bas.

« L’Afrique est le point zéro de la dégradation du climat au niveau mondial. Si l’Afrique ne parvient pas à s’y atteler, personne n’en sortira gagnant ! Les retombées climatiques en Afrique ne peuvent pas être endiguées. Les mesures d’adaptation peuvent et doivent donc s’étendre à un rythme soutenu sur tout le continent. Le monde doit redoubler d’efforts en termes d’adaptation lors du sommet des Nations unies sur les changements climatiques qui se tiendra en Égypte dans quelques semaines. », a alerté Verkooijen.

 Il a ajouté que les fonds destinés à l’adaptation doivent affluer de manière visible en Afrique. Cela signifie que les nations riches doivent répondre à la demande financière du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA) et de sa Facilité de financement en amont d’ici la COP27. « Si nous échouons, tous les acquis de la COP de Glasgow sont en danger. », a-t-il martelé.

« Il faut s’adapter ou accepter de mourir. Nous n’avons pas le choix. Le temps dont nous disposons pour agir touche à sa fin. L’Afrique doit donner la priorité à l’adaptation. L’Afrique doit investir massivement dans l’adaptation et la résilience. En tant que président de l’Union africaine, je presse les partenaires de développement de l’Afrique de financer pleinement l’AAAP et d’en faire un modèle exemplaire de ce qui est possible lorsque nous collaborons. Cet impact sera renforcé par votre soutien à la Facilité de financement en amont de l’AAAP et à l’Action climatique de la Banque africaine de développement dans le cadre de la reconstitution du FAD. L’AAAP permet de concrétiser la vision de l’Initiative pour l’adaptation en Afrique. », A abondé dans le même sens  le président de l’Union africaine et président du Sénégal, Macky Sall.

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 « La COP26 a marqué une percée importante, et ce, grâce à votre détermination à mettre l’adaptation à l’ordre du jour mondial en multipliant par le financement consacré à l’adaptation. Maintenant, grâce à votre aide, nous devons tenir cette promesse. », a conclu le Président Macky Sall.

« Les meilleures données scientifiques montrent que l’Afrique reste un contributeur marginal aux émissions de gaz à effet de serre, responsables du Changement climatique. L’Afrique n’est responsable que de 3% de la détérioration globale. Le Continent a pris l’option de contribuer à la solution mondiale à travers des efforts au niveau national, par des Plans d’adaptation souvent soutenus par des allocations budgétaires. A ce titre, je rappelle que l’Afrique consacre entre 2 et 5% de son PIB à l’adaptation au Changement climatique », a pour sa part fait observer Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union Africaine.

Le Sommet sur l’adaptation en Afrique expose les grandes lignes d’une « percée en matière d’adaptation » en 5 points pour la conférence climatique clé de l’ONU en Égypte (COP27) en novembre prochain et 55 millions de dollars de nouveaux financements pour mobiliser plus de 5 milliards de dollars dans des projets d’action d’adaptation climatique pour l’Afrique »

Le président Akufo Addo du Ghana et président du Forum sur la vulnérabilité climatique a déclaré :

 « Si nous voulons que l’Afrique prospère, nous devons nous adapter au changement climatique. L’Afrique doit remédier au déficit de financement destiné à l’adaptation. Nous ne sommes plus en mesure d’attendre. J’attends avec impatience la concrétisation rapide du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP). Le sort de notre continent et de la planète en dépend.» Il a par ailleurs insisté sur les priorités de la COP27 en matière d’adaptation, appelant notamment à un plan de mise en œuvre autonome de l’objectif de doubler le financement consacré à l’adaptation convenu lors de la COP26 d’ici 2025. « Il est temps de transformer les paroles en actes et de matérialiser les ambitions en actions.», a-t-il insisté.

D’après la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Amina Mohamed, « la décision de Glasgow exhorte les pays développés à doubler collectivement le financement consacré à l’adaptation d’ici à 2025. Ces fonds doivent être versés dans leur intégralité, comme point de départ. Les pays développés doivent proposer, d’ici la COP27, une feuille de route claire indiquant comment et quand ils respecteront cet engagement. »

Une contribution de  55 millions de dollars

Le Sommet qui s’est tenu dans le port de Rotterdam a annoncé 55 millions de dollars de nouvelles contributions du Royaume-Uni (23 millions de dollars), de la Norvège (15 millions de dollars), de la France (10 millions de dollars), du Danemark (7 millions de dollars), entre autres, à la Facilité de financement en amont de l’AAAP gérée par la GCA, dont le ratio de levier de 1:100 influencera plus de 5 milliards d’investissements consacrés à l’adaptation climatique en Afrique. La Facilité de financement en amont a été décrite par le président du GCA et 8è Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon comme la « courroie de transmission » des meilleures connaissances et innovations mondiales et régionales directement vers les projets d’investissement à grande échelle en Afrique.

Les donateurs ont annoncé de nouveaux engagements de financement comme lors de la COP26, les nations développées doivent au moins doubler collectivement le financement accordé aux pays en développement pour l’adaptation au changement climatique d’ici à 2025. Le financement public ne sera pas suffisant, c’est pourquoi des initiatives telles que le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique sont essentielles pour mobiliser l’engagement et les investissements du secteur privé en faveur de l’adaptation. »

 La Norvège s’est engagée à multiplier par deux son budget alloué au climat et à au moins tripler son soutien à l’adaptation d’ici à 2026. La France maintient un engagement fort pour lutter contre le changement climatique et soutenir l’adaptation dans les pays africains.

 Le Danemark s’est fixé un objectif : « 60 % de notre aide climatique aidera les pays en développement à s’adapter au changement climatique. Au total, le Danemark prévoit de donner au moins 1 % de l’objectif collectif de 100 milliards ».

Ils étaient plus de soixante-dix leaders de la communauté internationale du climat à prendre part au sommet de Rotterdam.

V.A.