Aperçu de la prévalence du SIDA en Afrique en 2022…

Afriquinfos Editeur
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Brazzaville (© 2022 Afriquinfos)- Avec 25,6 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde, la Région africaine reste la plus touchée par le sida, même si des progrès ont été recensés, a indiqué l’Organisation Mondiale de la santé (OMS)  ce 1er décembre 2022, Journée mondiale de lutte contre le sida.

Toutefois, des progrès ont été réalisés au cours de la dernière décennie, réduisant de 44 % le nombre de nouvelles infections et de 55 % la mortalité liée au sida. « Ces progrès ont été accomplis parce que l’OMS et les partenaires ont : 1) plaidé en faveur de l’utilisation à une plus grande échelle des nouvelles technologies de prévention et de traitement du VIH et soutenu cette expansion ; 2) fourni des orientations sur les combinaisons de prévention, de dépistage et de traitement du VIH ; 3) renforcé les capacités des pays à améliorer la disponibilité et la qualité des données ; 4) élargi l’accès à des médicaments, à des outils de diagnostic et à des technologies sanitaires d’un prix abordable ; et 5) soutenu les plans nationaux de rattrapage du traitement du VIH en Afrique de l’Ouest et centrale », a fait observer Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

 Malgré ces actions, les progrès sont lents et les inégalités persistent dans les services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH. Il ressort des données de l’OMS sur la riposte mondiale au VIH que depuis le début de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et d’autres crises mondiales, les progrès réalisés dans la lutte contre la pandémie de VIH ont ralenti et les ressources disponibles ont été réduites, un recul qui met des millions de vies en danger.

Quatre décennies après le début de la riposte au VIH, les inégalités persistent au niveau des services les plus élémentaires comme le dépistage et le traitement. Par exemple, les programmes de prévention du VIH ne touchent que 40 % des adolescentes et des jeunes femmes. Selon la patronne de l’OMS Afrique, « seul un tiers des membres des populations clés qui sont particulièrement vulnérables au VIH ont un accès régulier à la prévention. Les populations clés restent confrontées à des obstacles juridiques majeurs, notamment la criminalisation, la discrimination et la stigmatisation ». Les populations clés comprennent  « les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les professionnels du sexe, les personnes qui s’injectent des drogues, la population carcérale et les personnes transgenres », a-t-elle souligné.

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« Alors qu’il ne reste que huit ans pour atteindre l’objectif fixé pour 2030 de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé mondiale, une action coordonnée s’avère nécessaire pour enrayer les répercussions de l’épidémie, avec un objectif précis d’atteindre les plus touchés – en particulier les enfants, les adolescentes, les femmes et les populations clés », a alerté Matshidiso Moeti.

La stigmatisation, un frein pour éradiquer le VIH

Partout sur le continent africain, la stigmatisation des personnes atteintes du sida rend plus difficile la bataille contre la maladie.

Plus de quarante ans après le début de l’épidémie de sida, les personnes vivant avec la maladie en Afrique font face à une stigmatisation encore bien présente, malgré le travail des associations pour leur venir en aide. À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, ce jeudi 1er décembre, tour d’horizon des réflexions sur la discrimination, devenue un frein à la riposte au VIH.

Isolement, jugement, agressions verbales et physiques, les attitudes blessantes à l’égard des personnes vivant avec le VIH n’ont pas vraiment changé depuis les années 1980. En cause : cette idée reçue que le VIH et le sida riment avec des comportements sexuels immoraux. Ce message est véhiculé parfois par des chefs religieux sur le continent.

 Au Kenya, le prophète autoproclamé David Owuor a de nouveau promis la semaine dernière de guérir les personnes séropositives par la prière. Un discours qui séduit dans ce pays conservateur où plus de 80% de la population est chrétienne.

« Dans l’imaginaire collectif, le VIH est associé à l’immoralité, aux rapports sexuels hors mariage. Les gens le considèrent comme un tabou, ils ne sont pas assez éduqués, explique Nelson Otwoma, PDG de Nephak, un réseau national d’autonomisation des personnes vivants avec le VIH à Nairobi. Même les professionnels de santé portent des jugements faux. Ils considèrent par exemple qu’une jeune fille ou un jeune garçon peuvent ne pas être en âge d’avoir le VIH. Les gens perdent toute motivation à se faire soigner et refusent les traitements de peur d’être stigmatisés », affirme-t-il sur RFI.

Vignikpo Akpéné