Confidences de Merkel sur l’Afrique au terme de ses 4 mandats en Allemagne

Afriquinfos Editeur
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Berlin (© 2021 Afriquinfos) – Saluée unanimement comme l’un des meilleurs dirigeants qu’a connus l’Europe cette dernière décennie, la Chancelière allemande Angela Merkel est sur le départ. Après 16 ans de bons et loyaux services, elle prend sa retraite. C’est l’occasion pour la désormais ex-Chancelière de revenir sur ses relations avec l’Afrique, dans un interview accordée à la Deutsche Welle.

C’est notamment autour de la crise migratoire de 2015 qui a vu des centaines de milliers de migrants, notamment africains, prendre d’assaut les côtes européennes que Angela Merkel a été interrogée sur ses rapports avec le continent. Mais la Chancelière allemande indique s’être particulièrement intéressée à l’Afrique bien avant : «Je m’intéressais, déjà avant, beaucoup à l’Afrique. […] Mais c’est ce que je me disais encore aujourd‘hui, l’intérêt de l’Allemagne pour l’Afrique s’est un peu déplacé de l’Afrique de l’Est, l’Éthiopie, le Kenya – des pays qui étaient au premier plan de nos préoccupations – en direction de l’Afrique de l’Ouest. Pas seulement à cause de l’émigration, mais à cause des défis liés au terrorisme. En fait, depuis la Libye. C’était une situation dans laquelle l’Allemagne s’est abstenue au sein du vote de l’Otan [pour ou contre une intervention militaire en Libye, en 2011 ]», relate-t-elle.

Angela Merkel estime que l’avenir lui a donné raison : «J’ai été très critiquée pour cela à l’époque. Mais j’étais très, très préoccupée par ce qui allait suivre l’ère Kadhafi, est-ce que ce serait vraiment mieux ? Depuis, il s’est avéré que cela représentait un énorme problème pour la communauté internationale. Et ce sont surtout les pays voisins qui paient les pots cassés, ceux du sud de la Libye, parce que des quantités incroyables d’armes sont tombées entre les mains d’organisations terroristes, ce qui provoque une grande déstabilisation de toute la région», déplore-t-elle.

Aux yeux de la chancelière sortante pour qui cette situation aurait donc pu être évitée, la priorité réside désormais dans la «restauration l’Etat de droit en Libye et d’aider à ce que la Libye appartienne aux Libyens, tout en stabilisant les autres pays». L’Allemagne est fortement impliquée dans la résolution de la crise libyenne. Une conférence internationale sur la Libye se tient à Paris dans les prochains jours et est co-parrainée par Berlin et l’Italie sous l’égide des Nations-Unies.

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Cette situation en Libye a ainsi ouvert les yeux de l’Allemagne sur cette partie de l’Afrique qui ne figurait pas dans son pré-carré. «Cela m’a fait découvrir une nouvelle partie de l’Afrique dont l’Allemagne ne s’était pas trop préoccupée durant les décennies précédentes, car la France y était très présente», a-t-elle déclaré.

Boniface T.