L’ex-député Raymond Gnan en décembre dernier au Bénin, l’ancien ministre Paul-Antoine Bohoun Bouabré en janvier en Israël et l’ex-maire de la commune huppée de Cocody, Gomon Diagou en février au Ghana : en trois mois, trois figures de la décennie Gbagbo (2000-2010) ont connu un sort tragique, dans des situations presque similaires.
Malades et privés de leurs fonds, gelés par les autorités ivoiriennes et l’Union européenne lors de la crise postélectorale de décembre 2010, ces proches de Gbagbo, dont certains vivaient naguère dans le confort, sont morts en exil, dans un quasi- dénuement.
Le cas de l’ex-argentier ivoirien Bohoun Bouabré, décédé début janvier dans une clinique de Jérusalem à la suite d’une insuffisance rénale aigüe, avait suscité une polémique en Côte d’Ivoire et mis en exergue les effets néfastes des sanctions individuelles infligées à ces personnalités, notamment le gel de leurs avoirs.
Ses proches et la presse d’opposition avaient accusé le chef de l’Etat Alassane Ouattara de porter la responsabilité de la mort de Bohoun Bouabré, expliquant que la famille avait tenté, en vain, d’obtenir le dégel de ses comptes bancaires pour lui permettre de se soigner. «Je pense que si ses comptes bancaires, par injustice et méchanceté gratuite, n’avaient pas été gelés, il aurait pu disposer de ressources financières nécessaires pour se faire soigner convenablement», avait réagi par voie de communiqué, peu après l’annonce de sa mort, Lia Bi Douayoua, ex-ministre des Télécommunications, lui aussi en exil au Ghana.
L’annonce, vendredi dernier, de la mort du maire de Cocody, Gomont Diagou, décédé dans une clinique d’Accra après une courte maladie, a encore suscité un vif émoi dans sa famille politique, le Front populaire ivoirien (FPI), et relancé à nouveau la question du gel des avoirs des partisans de Laurent Gbagbo.
«Il y a deux semaines, le milliardaire Jean Kuyo alias Kuyo pipeline, natif de Mama et proche de Laurent Gbagbo, décédait au Cameroun de longue maladie. Aujourd’hui, c’est au tour de Gomont Diagou. A qui le tour ? », pouvait-on lire sur le site d’information générale « ivoirebusiness.net »
Seule exception : la journaliste Ahoua Ehoura, ex-présentatrice vedette du JT de 20 heures de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), a bénéficié, début février, du dégel de ses comptes bancaires, après avoir multiplié des interviews dans la presse.
Souffrant de diabète et mise en chômage technique depuis novembre 2011, Ahoua Ehoura doit à une bourse trimestrielle 900 euros (590 361 F CFA) de Reporters sans frontières (RSF) de poursuivre ses soins.