Pretoria (© 2016 Afriquinfos)- Les autorités locales sud-africaines ont ordonné la semaine dernière à un prestigieux lycée de Pretoria de suspendre son règlement intérieur en matière de coupes de cheveux des élèves noires affirmant avoir été traitées de « singes » à cause de leurs cheveux portés au naturel.
Le Lycée pour filles de Pretoria, un établissement huppé privé, dispose de 21 jours pour revoir sa politique jugée raciste, alors que des élèves ont déclaré avoir été contraintes de lisser artificiellement leurs cheveux et ne pas porter de coupes afro. Le ministre provincial de l’Education, Panyaza Lesufi, s’est rendu dans l’établissement lundi pour discuter avec le personnel et les élèves.
Des jeunes filles «ont le sentiment de ne pas être autorisées à porter des coupes de cheveux de Noirs, comme les coupes afro. Spécifiquement, la politique de l’établissement limite la longueur de la coupe», a déclaré le ministère de l’Education dans un communiqué mardi.
Des jeunes filles traitées de «singes»
«Des enseignants leur disent qu’elles ressemblent à des singes ou ont des nids sur la tête, a-t-il ajouté. Le règlement intérieur (…) doit être revu et dans l’immédiat, le paragraphe sur le style de cheveux doit être suspendu».
Lors de leur rencontre lundi avec les autorités provinciales, des élèves ont aussi affirmé ne pas être autorisées à parler dans l’établissement leur langue locale, et être victimes de discrimination de la part d’enseignants et d’élèves blancs.
Le ministère précité a également dénoncé l’attitude du lycée qui a fait appel le week-end écoulé à la police et à des gardes armés lors d’une manifestation d’élèves noires coiffées de coupes afro et de tresses.
Vingt-deux ans après l’avènement de la démocratie, les tensions raciales restent très élevées en Afrique du Sud où sont régulièrement proférés des commentaires racistes notamment dans les médias sociaux.
La classe politique s’est rapidement emparée de ce débat brûlant: Mmusi Maimane, chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), s’est ainsi demandé si sa fille, qui arbore une coiffure afro, serait autorisée à suivre les cours dans cet établissement. Le lycée accueillait seulement des Blancs jusqu’à la fin officielle du régime raciste d’apartheid en 1994. Depuis, les élèves noirs et métis y sont admis.
Une ancienne lycéenne, Mishka Wazar, qui a quitté l’établissement l’an dernier, a expliqué à l’AFP que le lycée connaissait depuis plusieurs années des « problèmes sur des sujets similaires ».
«Nous avons écrit des lettres, et nos doléances ont été généralement ignorées», a déclaré cette étudiante de 19 ans. Elle a affirmé avoir vu des jeunes filles réprimandées pour leurs cheveux. «L’enseignant leur disait de (…) lisser leurs cheveux (…). Certaines de ces règles sont très difficiles à appliquer si vos cheveux n’ont pas une certaine texture».
VIGNIKPO AKPENE