Algérie : le président Bouteflika vers un 5ème mandat sûr ?

Afriquinfos
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Alger (© 2018 Afriquinfos)- Agé de 81 ans, le président algérien Abdelaziz Bouteflika va-t-il se présenter pour un 5ème mandat ? Voici la question qui alimente le débat à neuf mois de la présidentielle. Selon les analystes, voir Bouteflika diriger l’Algérie encore pendant les cinq prochaines années est inévitable.

« Pour peu que Dieu lui prête vie, M. Bouteflika briguera à coup sûr un cinquième mandat », assure à l’AFP Mohamed Hennad, professeur de sciences politiques à l’université d’Alger.

Un 5e mandat du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1999, est désormais une quasi-certitude, a assuré à l’AFP un diplomate étranger en poste en Algérie.

Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris-I. affirme pour sa part, que « tous les signes extérieurs tendent à prouver qu’à la tête de l’Etat algérien, un très petit groupe de personnes très puissantes pousse en faveur d’une réélection du président en place », a-t-il déclaré, tout en soulignant que les groupes religieux, régionaux, culturels et partis politiques apparaissent « totalement marginalisés » et  » semblent ne pas y voir de contre-pouvoir à la tête de l’Etat », susceptible d’empêcher un 5e mandat, poursuit ce spécialiste du Maghreb.

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Cependant Il n’y a que deux cas où le président sortant ne se représentera pas : s’il « se retire -hypothèse improbable (…)- ou s’il est déclaré inapte avant le scrutin, chose impensable pour le moment », a en outre souligné le professeur Hennad.

Car la santé de M. Bouteflika, affaibli par les séquelles d’un AVC remontant à 2013, continue de faire l’objet de multiples spéculations. Ses apparitions, en fauteuil roulant, sont rares et il ne s’exprime plus en public.

Aussi le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et son principal allié, le Rassemblement national démocratique (RND), les islamistes du Rassemblement de l’Espoir de l’Algérie (TAJ), autres alliés, ou la centrale syndicale UGTA, l’ancien syndicat unique ne se laissent pas aller malgré la santé fragile de l’octogénaire.  Par ailleurs, ils lancent un appel depuis avril de façon insistante à l’actuel président à « poursuivre sa mission ».

« Ce qui a été tenté et réussi peut être réédité », souligne M. Vermeren, rappelant « le précédent de la dernière campagne » présidentielle de 2014, animée par les proches d’un Bouteflika invisible mais réélu haut la main (81,5% des suffrages).

Outre ces divers points de vus, les opposants sont eux aussi convaincus qu’un 5e mandat est désormais inéluctable, même s’ils ne s’expriment pas encore officiellement sur le sujet.

Il ne fait « aucun doute que le président Bouteflika veut finir ses jours au pouvoir » et les appels du camp présidentiel visent à « neutraliser d’éventuelles autres candidatures », estime Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid (Nouvelle génération) et l’un des principaux pourfendeurs du 4e et désormais du probable 5e mandat.

Le récent et soudain limogeage du tout-puissant chef de la police, le général Abdelghani Hamel, sans motif officiel, rappelle également les remaniements au sein des puissants services de renseignements quelques mois avant la présidentielle de 2014.

« C’est le ménage avant l’élection », résume le diplomate étranger, pour qui l’éviction du général Hamel vise à annihiler les ambitions de celui-ci, souvent présenté comme un des successeurs possibles du chef de l’Etat.

En congédiant le général Hamel, le président Bouteflika « réaffirme que c’est lui le chef, le seul », ajoute Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) de Genève, qui y voit « le début précipité de la campagne présidentielle ».

Innocente Nice