Rokia Traoré défie la justice française et rentre au Mali

Afriquinfos Editeur
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Rokia Traoré rentre au Mali

Rokia Traoré rentre au Mali | Malgré l’interdiction reçue de la justice française de ne pas quitter la France,  Rokia Traoré est rentrée au Mali. Son avocat justifie son départ par des impératifs de se protéger et de protéger ses enfants. La chanteuse, affirme dans son message avoir quitté la France par un vol privé. Elle conteste la décision de la justice belge de confier la garde exclusive de l’enfant à son père. Selon son avocat, une décision de la justice malienne a accordé à la chanteuse la garde de sa fille.

Le mandat d’arrêt émis par la Belgique entraîne l’inscription de Rokia Traoré au fichier des personnes recherchées, mais elle a quitté le pays « de façon régulière » depuis l’aéroport du Bourget, au nord de Paris, a assuré une source policière.

De son côté, la défense de la chanteuse explique qu’elle a présenté son passeport pour prendre un vol privé, et que c’est une fois à l’intérieur de l’appareil, qu’on est venu l’interpeller. Selon Maître Kenneth Feliho, l’artiste a alors présenté son passeport diplomatique malien, ainsi qu’une lettre de mission, une mission pour travailler sur des échanges culturels. Elle a été autorisée à partir.

« C’est une mère aux abois qui a peur qu’on lui arrache son enfant, c’est pour ça qu’elle est partie au Mali, où elle habite », a expliqué à l’AFP Me Kenneth Feliho, son avocat. « De retour au Mali. La quête de justice continue », indiquait déjà la chanteuse dans un message posté mardi sur son compte Facebook et repéré dimanche par le Parisien. Dans un post daté de vendredi, elle assurait ne pas être « une terroriste ».

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La cour d’appel de Paris avait approuvé la remise de Mme Traoré à la Belgique fin mars, en vertu d’un mandat d’arrêt européen dans le cadre du litige qui l’oppose au père de sa fille. En attendant cette remise, elle avait d’abord été écrouée avant d’être libérée sous contrôle judiciaire avec interdiction, notamment, de quitter la France.

Le mandat d’arrêt qui la vise pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage » a été émis par un juge d’instruction de Bruxelles et découle du non-respect d’un jugement rendu fin juin 2019 exigeant la remise de sa fille de 5 ans à son père belge, dont Rokia Traoré est séparée.

Selon une source judiciaire, le parquet général de la cour d’appel de Paris est en attente d’éléments pouvant attester que Mme Traoré n’a pas respecté son contrôle judiciaire. Si cela est avéré, il requerra sa révocation auprès de la chambre de l’instruction, qui pourra ordonner un mandat d’arrêt contre elle.

Remise en liberté provisoire fin mars, la chanteuse restait sous contrôle judiciaire, dans l’attente d’être livrée à la justice belge qui a émis, à son encontre, un mandat d’arrêt européen pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage ». Elle lui reproche de ne pas avoir respecté un jugement rendu en 2019, qui exigeait qu’elle remette sa fille de cinq ans à son père belge.

Rokia Traoré a toujours contesté cette procédure, tout comme la légalité de son arrestation en France, en mars dernier, alors qu’elle voyageait, selon elle, avec son passeport diplomatique malien. Ce qui est contesté par une source officielle malienne qui a dit, à l’époque, qu’elle avait présenté son passeport français à son arrivée à Roissy. Fin avril, selon son avocat, Me Kenneth Feliho, la justice belge l’a « déchue de son droit d’appel ». Et c’est donc, selon lui, afin de « se protéger et de protéger ses enfants » qu’elle s’est envolée samedi 9 mai à bord d’un jet privé pour le Mali, au départ de l’aéroport du Bourget. Selon la défense de Rokia Traoré, c’est donc une mère qui avait peur qu’on lui prenne son enfant, qui est repartie au Mali quitte à se soustraire à son contrôle judiciaire.

L’avocat de son ex-compagnon s’interroge, lui, sur les circonstances de son départ. Maître Franck Berton évoque la légèreté des autorités françaises, qui ont laissé partir une personne sous contrôle judiciaire, explique-t-il, malgré une interdiction de quitter le territoire français. L’avocat demande une enquête pour savoir si elle a bénéficié de complicités.

La défense de son ex-compagnon affirme que la France doit désormais émettre un mandat d’arrêt. Dimanche soir, le parquet général de la cour d’appel de Paris attendait des éléments pour pouvoir prendre ses décisions.

Rokia Traoré, chanteuse et guitariste, est aussi connue pour son engagement en faveur des réfugiés et pour avoir été nommée en 2016 ambassadrice de bonne volonté par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).