Référendum du 30 octobre en RCI: le «Oui» devrait l’emporter, et les fossés politiques s’agrandir entre pouvoir et opposition

Afriquinfos
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Abidjan (© 2016 Afriquinfos) – En Côte d’Ivoire, il est actuellement question du vote le 30 octobre 2016 de la nouvelle Constitution proposée par le Président ivoirien Alassane Ouattara. Un texte constitutionnel critiqué par l’opposition ivoirienne qui appelle les Ivoiriens à un boycott du scrutin ce dimanche.

La logique du Président Ouattara et de son Gouvernement dans l’organisation de ce referendum constitutionnel consiste à amener le peuple à dire «Oui à la modernité », «Oui à la Paix», pour une stabilité dans le pays. Aux yeux de l’exécutif ivoirien, le pays a souffert ces dernières 25 années à cause du concept «d’ivoirité». Raison fondamentale pour laquelle il faut une nouvelle Constitution pour le pays.

Cependant, l’opposition ivoirienne considère cette nouvelle Constitution comme un texte écrit par le pouvoir, sans avoir pris soin de réellement consulter les autres forces politiques du pays. L’une des majeurs arguments qui militent en faveur de l’opposition à ce texte constitutionnel est que le Président Ouattara est en train de préparer sa succession en introduisant le poste de vice-président dans sa Constitution. Par conséquent, cette opposition appelle au boycott. Position que partage Charles Blé Goudé qui a aussi appelé depuis sa prison à La Haye à un boycott du vote de ce dimanche. Pour lui, le texte a été préparé « en catimini», et ni l’opposition ni la société civile n’ont été consultées.

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Le président Ouattara «opère avec la Côte d’Ivoire comme un propriétaire vis-à-vis d’un patrimoine personnel», a même accusé Blé Goudé.

«Avec à peine sept jours pour faire campagne, des ressources insuffisantes, un manque d’accès aux médias contrôlés par l’État et la suspension, à la veille de la campagne, de deux journaux proches de l’opposition, les partis d’opposition ont du mal à défendre leur point de vue auprès de l’opinion publique», a dénoncé ces derniers jours l’ONG Human Rights Watch.

D’après le chercheur Meite Mamoudou, «normalement, un débat sur une Constitution devrait être un grand enjeu, mais en Afrique, les gens sont souvent plus intéressés par des élections avec des hommes politiques. En plus, il y a un fort taux d’illettrisme, donc les gens ont du mal à connaître le texte. Ce qui fait qu’il n’y a pas beaucoup d’engouement».
Novateur par les réformes sociales qu’il introduit dans le quotidien des Ivoiriens, ce projet de nouvelle constitution devrait faire parler de lui durant de longs mois après le 30 octobre, car manquant de consensus sur les innovations politiques qu’il met en place au sujet de la gouvernance de l’exécutif ivoirien.

Rachel KOMI