Rachel Keke, une députée pas comme les autres au Parlement français

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2022 Afriquinfos)- Âgée de 48 ans, la Franco-Ivoirienne Rachel Keke a été élue député au parlement français ce dimanche 19 juin 20222.  Elle a été élue par les électeurs de la 7e circonscription du Val-de-Marne. Présentée sous la bannière de la nouvelle alliance de gauche NUPES, elle a battu l’ancienne ministre des Sports du président Emmanuel Macron Roxana Maracineanu, et obtient un siège dans la banlieue sud-est de Paris. Qui est donc Rachel Keke, cette africaine, ex-femme de chambre élue à l’Assemblée nationale française ?

Son profil sera pour le moins unique sur les bancs de l’hémicycle. Femme de chambre, syndicaliste, cette africaine Rachel Keke, investie par la Nupes, a été élue dans le Val-de-Marne au second tour des élections législatives ce dimanche 19 juin 2022. …  Mère de cinq enfants, Rachel Keke est née en 1974 dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan, d’une mère vendeuse de vêtements et d’un père conducteur d’autobus. Elle est arrivée en France en 2000 et a été naturalisée en 2015.

Une «guerrière» qui veut «faire du bruit». Voilà comment se décrit Rachel Keke, ancienne femme de chambre, «icône»… Rachel Keke, une députée pas comme les autres.

Porte-parole d’une grève de femmes de chambres

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Rachel Keke députée s’est d’abord fait connaître comme Rachel Keke porte-parole. Durant deux ans, la Franco-Ivoirienne s’est battue pour les « invisibles », ses camarades femmes de chambre, à l’hôtel Ibis des Batignolles. Entre 2019 et 2021, la militante CGT lutte aux côtés des autres femmes de chambre. Elles obtiennent de meilleures conditions de travail et une hausse des salaires.

«C’est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos…», détaille-t-elle, se souvenant encore de cette sensation, «comme si on [lui] avait donné des coups partout», après son premier jour en tant que femme de ménage, en 2003. «Mais je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon courage à deux mains, pour mes enfants», se rappelle-t-elle.

Madame Keke est arrivée en France en 2000 et commence à travailler comme coiffeuse avant d’entrer dans l’hôtellerie. Dans l’Hexagone son parcours est chaotique : elle déménage souvent, alternant entre les squats ou les appartements d’amis en banlieue parisienne, avant de se fixer grâce au DAL (Droit au logement).

Naturalisée française en 2015 – un pays qu’elle «adore» et pour lequel avait combattu son grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale – elle habite maintenant les Sorbiers, une cité de Chevilly-Larue (Val-de-Marne) d’où elle a lancé sa campagne pour les législatives.

Rachel Keke a continué de travailler à l’hôtel des Batignolles pendant le début de sa campagne avant de prendre un congé. Son combat, qui la place en figure emblématique des luttes syndicales et associatives, n’a pas manqué d’intéresser la Nupes  qui l’a investie.

«C’est une vraie combattante, quand on l’a rencontrée dans le cadre de cette grève elle s’est très vite affirmée comme représentante de ses collègues», explique Claude Lévy, représentant de la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques). Il la qualifie même «d’autodidacte de la lutte».

«C’est ce que j’appelle une leader de masse, renchérit le député LFI Éric Coquerel. Elle a quelque chose qui magnétise, elle est forte, elle a les mots justes, elle n’a pas besoin de lire [ses notes]».

Celle qui veut «secouer le cocotier» à l’Assemblée

Rachel Keke promet d’être une députée à portée des citoyens. Celle qui veut «secouer le cocotier» à l’Assemblée revendique son caractère d’outsider. «Si tu me parles avec le français de Sciences Po, je vais te répondre en banlieusard»!

«On connaît le niveau d’une femme de chambre, on sait que je n’ai pas de Bac + 5, explique-t-elle. Je dis ce que je ressens. Si on me pose une question sur quelque chose que je ne comprends pas, je ne répondrai pas. Il faut que les médias s’habituent à ça».

«Féministe» et «défenseuse des Gilets jaunes», la députée à peine élue compte déjà s’atteler à «protéger le peuple».

Rachel Keke compte venir en aide à «tous ceux qui sont mal payés, qui marchent dans la rue pour dénoncer le système qui ne fonctionne pas», via notamment l’instauration d’un Smic à 1.500 €, comme le promettait la Nupes en cas de victoire.

Co-chef de file dans la circonscription, Hadi Issahnane en est persuadé, «elle peut enseigner plein de choses de la vie réelle à plein de politiques». «Elle a tout à apprendre d’un point de vue de la politique politicienne», ajoute le conseiller municipal LFI de Chevilly-Larue. «On n’est pas loin d’une icône, au sens littéral, de notre combat politique. Elle incarne ça de manière naturelle».

V. A.