Elections de novembre 2020 au Faso: le Parlement adapte le Code électoral au péril terroriste

Afriquinfos Editeur
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Ouagadougou (© 2020 Afriquinfos)- Le parlement du Burkina Faso a examiné et adopté le projet de loi portant modification du Code électoral, ce 25 août 2020. Sur les 120 députés votants, 107 ont adopté la loi et neuf ont voté contre. Treize articles et un paragraphe ont été modifiés et adoptés pour «sauvegarder l’unité nationale», à en croire le ministre en charge de l’Administration territoriale, Siméon Sawadogo.

Le nouveau Code précise qu' »en cas de force majeure ou de circonstance exceptionnelle (…) entraînant l’impossibilité d’organiser les élections sur une partie du territoire national, l’élection est validée sur la base de la partie non affectée par la force majeure ou la circonstance exceptionnelle ».

« Cela va nous permettre d’avoir des élections apaisées à travers des instruments juridiques qui protègent le scrutin et les résultats qui vont en sortir », a commenté le ministre Siméon Sawadogo, se félicitant du vote. Cette loi, ajoute-t-il, prend en compte la situation de cas de force majeure et des situations exceptionnelles en matière électorale du fait de la crise sécuritaire qui prévaut depuis 2015 au Faso.

Selon le député Michel Badiara, rapporteur général de la Commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains (CAGIDH), commission affectataire dudit dossier, «des contraintes objectives d’ordre juridique font obstacle au respect du Code électoral. Afin de lever ces obstacles et permettre l’organisation des scrutins, l’instruction des dispositions y relatives dans le Code électoral s’imposait. De ce fait, une révision à minima du Code électoral s’avérait indispensable pour la validité de la démocratie».

« Loi d’exclusion »

Mais dans les zones les plus instables du pays, certains dénoncent une « loi d’exclusion ». On nous demande de dire à d’autres Burkinabé, que non seulement nous n’avons pas réussi à assurer leur sécurité mais aussi que pour les prochaines élections, ce n’est pas la peine qu’ils votent », a critiqué Aziz Diallo, député maire de Dori, dans le Nord-Est du Burkina, une région touchée par les violences. « Nous sommes aujourd’hui face à une véritable loi d’exclusion », a-t-il lancé.

Même dans la mouvance présidentielle, la question a été discutée. « Le vote est un droit que le gouvernement a l’obligation d’assurer. Le Code électoral adopté aux forceps va retirer ce droit à des citoyens. C’est une potentielle crise post-électorale qui se prépare », a reconnu le député Alexandre Sankara, qui a toutefois voté pour la loi, afin d’éviter « un vide institutionnel ».

Lors de la révision des listes électorales, 7% du territoire national n’a pas été couvert par les organes de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en raison de la menace sécuritaire selon des chiffres officiels.

Pays d’Afrique de l’ouest, le Burkina Faso est confronté à des violences jihadistes, souvent entremêlées à des confits intercommunautaires ayant fait au moins 1.100 morts et contraint près d’un million de personnes à fuir leurs foyers en 2019, selon les Nations unies. Elles ont également provoqué une grave crise humanitaire avec 600.000 déplacés et réfugiés en interne.

Malgré l’aide de militaires étrangers, notamment de la force française Barkhane, impossible d’enrayer cette spirale de violences.

Candidat à sa propre succession en novembre prochain, le président Roch Marc Christian Kaboré (transfuge du CDP) devrait être opposé à de nombreux anciens proches de Blaise Compaoré, dont l’ancien Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo ou Zephirin Diabré, le chef de file de l’opposition. L’élection présidentielle couplée aux législatives se tiendra le 22 novembre au Burkina Faso.

Akpene Vignikpo