Crise des réformes: la raison réelle du report de la mission de l’OIF au Togo du 10 au 13 octobre 2017

Afriquinfos
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PARIS (© 2017 Afriquinfos) –  Contrairement aux raisons officielles qui sous-tendent le report de la mission de l’OIF au Togo à la mi-octobre 2017, une opposition étatique presque tacite est la principale explication de cette reculade diplomatique de la Francophonie.

 

L’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) entendait envoyer en éclaireur du 10 au 13 octobre 2017 une mission au Togo pour prendre le pouls de la situation qui y prévaut avec acuité depuis le 19 août, autour de l’enlisement du bras fer politique dans l’optique de l’opérationnalisation des réformes. Dès l’annonce de cette mission officielle, les réseaux sociaux, via l’entremise d’internautes togolais, ont bruissé de condamnations de la personne de Mme Aïchatou Mindaoudou Souleymane comme 1er responsable de cette délégation de l’OIF. Une bonne partie de l’opinion togolaise lui reprochait «sa position arrogante à l’égard de l’opposition togolaise entre février et avril 2005, en pleine crise sur la succession d’Eyadèma Gnassingbé». Cette prise de position de l’opinion togolaise couplé au boycott annoncé de Mme Mindaoudou Souleymane par la coalition de 14 partis d’opposition ont défrayé la chronique ces 7 derniers jours.

En réalité, souligne une source bien introduite dans les opérations de médiation dans l’espace francophone, la justification avancée par l’OIF (et selon laquelle le report de sa mission au Togo est lié à des impératifs d’une meilleure préparation) n’est que de façade. La raison cardinale du «report de cette mission de l’OIF» a été le «refus catégorique du pouvoir de Lomé d’accueillir une telle mission en terre togolaise». Notre source précise que les autorités togolaises ont justifié leur position par le fait que selon elles, leur pays n’est pas en crise, et donc n’a pas besoin d’une consultation comme l’entreprenait l’OIF. «Circulez, il n’y a rien à voir», peut-on résumer la position togolaise sur la crise des réformes, ironise notre source.

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Aphone en interne sur cette crise des réformes qui a resurgi avec force dans son pays depuis le 19 août 2017, Faure Gnassingbé (actuel Président en exercice de la CEDEAO et du Conseil de l’Entente), à la faveur de deux sorties au Niger et au Mali, n’y a pas fait allusion non plus. Il s’est contenté dans ces deux pays d’évoquer les pistes du «raffermissement de la construction de la CEDEAO des peuples».

En avril 2015, l’OIF, via l’expert électoral malien, le général Siaka Sangaré, avait mis à nu un «fichier électoral imparfait» au Togo. Un fichier utilisé malgré tout par «consensus» dans l’organisation de la présidentielle d’avril 2015 au Togo qui a scellé le début du 3ème quinquennat de Faure Gnassingbé. Un scrutin dont les résultats demeurent très contestés par l’opposition togolaise, tout comme ceux d’avril 2005 et de mars 2010 remportés officiellement par F. Gnassingbé, actuel doyen des Chefs d’Etat en exercice dans la CEDEAO.

 

Par Georges SAMIR