Bénin/Patrice Talon à l’épreuve de ses premiers revers politiques de poids

Afriquinfos
3 Min de Lecture

Cotonou (© Afriquinfos 2017) –  Le ministre béninois de la Défense, Candide Armand-Marie Azannai,  a annoncé ce lundi avoir remis sa lettre de démission au chef de l’Etat. Un acte qui fragilise le président Patrice Talon dans sa volonté de réformer la Constitution.

 

«Face aux derniers développements de l’actualité politique dans notre pays, j’ai décidé de remettre ma démission du gouvernement», a précisé le ministre de la Défense sur sa page Facebook. Ancien député, Candide Armand-Marie Azannai avait été également ministre sous l’ancien président  Boni Yayi avant de se rallier à l’opposition contre celui-ci, soutenant la candidature de l’actuel chef de l’Etat, Patrice Talon au pouvoir depuis le 6 avril 2016. Bien avant cette démission, le président Talon avait convoqué l’Assemblée en session extraordinaire pour faire voter un projet de réforme constitutionnelle qui prévoit notamment un mandat présidentiel unique. Cette réforme (en sa forme actuelle) ne passe pas aux yeux d’une grande partie de la classe politique béninoise et de certains corps de l’administration publique.

Ce 28 mars 2017, l’Union nationale des Magistrats du Bénin (UNAMAB) a ainsi organisé une manifestation pour exiger le retrait du projet. Selon les manifestants, le projet «porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire».  Les magistrats dénoncent également une disposition qui permet à des représentants du Gouvernement de siéger au sein du Conseil supérieur de la magistrature. D’autres organisations et mouvements, de même que des acteurs de la société civile et des universitaires avaient invité les parlementaires à rejeter ce projet du gouvernement.

- Advertisement -

Le nouveau projet de Constitution  prévoit  entre autres une discrimination positive en faveur des femmes dans le monde politique, un financement public des partis. Mais, c’est surtout  la réforme portant  sur le mandat présidentiel unique qui suscite des remous ! Et sur les 160 articles de la Constitution du 11 décembre 1990, 43 sont modifiés.

Vendredi dernier, le président Patrice Talon avait convoqué l’Assemblée nationale béninoise en session extraordinaire afin de faire passer sa nouvelle réforme. Les 83 députés béninois  (qui ont adopté le budget 2017 à l’unanimité) ont rejeté «le caractère urgent du vote», lors de la première convocation. Soit un premier revers politique pour Patrice Talon.

Pour les critiques de ce projet de révision constitutionnelle, le chef de l’Etat veut se tailler une Constitution sur mesure qui affaiblit les autres pouvoirs, renforce et conforte celui du chef de l’État. Porté à la magistrature suprême  par 65% des Béninois, Patrice Talon ne pouvait pas s’imaginer que la liesse populaire dans les urnes il y a un an n’est pas synonyme de carte blanche politique. La grogne est à plusieurs niveaux. Le temps de grâce dont a bénéficié jusqu’à présent le magnat béninois du coton semble bel et bien révolu.

 

Anani Galley & Samir Georges