Mali: Vague d’émotion après le décès de l’opposant Soumaïla Cissé dû au coronavirus

Afriquinfos Editeur
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Le principal opposant malien Soumaïla Cissé, lors d'une manifestation à Bamako, le 18 août 2018 (AFP).

BAMAKO (© 2020 AFP)- Le principal opposant malien, Soumaïla Cissé, qui avait été retenu en otage pendant six mois par des jihadistes, est décédé vendredi du coronavirus en France à l’âge de 71 ans, a-t-on appris auprès de sa famille et de son parti.

« Soumaïla Cissé, leader de l’opposition malienne, est décédé ce jour en France où il avait été transféré pour des soins du Covid-19 », a annoncé à l’AFP un membre de sa famille. « Je confirme la terrible nouvelle. Il est mort. Son épouse qui est en France me l’a confirmé », a déclaré à l’AFP un responsable de son parti, l’Union pour la République et la démocratie (URD).

« Soumaïla Cissé s’en va à un tournant critique de notre évolution », a souligné sur Twitter le président de transition Bah Ndaw, chef des autorités qui doivent organiser la restauration d’un pouvoir civil élu en 2022, selon les engagements de militaires qui ont renversé le 18 août le président Ibrahim Boubacar Keïta.

« Nul doute qu’en ce moment, le pays avait encore particulièrement besoin de son expérience et de sa sagesse pour relever les défis de l’heure », a estimé M. Ndaw. « C’est toute la nation malienne qui est en deuil ainsi que le continent africain qui pleure un de ses valeureux fils », a déclaré sur Twitter le Premier ministre de transition Moctar Ouane.

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D’aucuns donnaient Soumaïla Cissé candidat à la prochaine élection présidentielle, à laquelle il apparaissait comme probable grand favori, après trois échecs au second tour.

Alors chef de l’opposition parlementaire, il avait été enlevé le 25 mars alors qu’il faisait campagne pour les élections législatives dans la région de Tombouctou (Nord-Ouest). Il avait été libéré en octobre, en même temps que la Française Sophie Pétronin et deux Italiens, en échange de 200 détenus relâchés à la demande des groupes jihadistes. « Je n’ai subi aucune violence, ni physique, ni verbale », avait-il déclaré après sa libération. « C’est très dur pour la famille après l’épreuve de son enlèvement », a déclaré à l’AFP Bokar Cissé, un fils de Soumaïla Cissé qui vit à Abidjan.

« C’était un homme très positif, qui prenait toujours les choses du bon côté. Dans une lettre qu’il m’avait envoyée lors de sa captivité, via le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), il me disait de toujours garder espoir, de rester positif, de ne pas avoir de rancœur », a-t-il poursuivi. Le Mali, qui compte officiellement 6.347 cas de coronavirus pour 229 morts, selon un dernier bilan le 23 décembre, fait face à une deuxième vague.

Le pays a suspendu les cours dans les écoles et les audiences judiciaires pour faire face au Covid-19 qui a emporté la semaine dernière l’ancien Haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel Pierre Buyoya, ex-président burundais, également à l’âge de 71 ans.