Dubaï (© 2020 Afriquinfos)- Depuis Dubaï, aux Émirats arabes unis, où il s‘est installé il y a plus de dix ans pour créer son propre Cabinet d‘expertise, Hussein Bakri, l’architecte libanais chargé de la conception du projet ‘Akon City au Sénégal’, a détaillé à RFI la philosophie de la tâche à lui confiée.
Agé de 46 ans, l’architecte libanais choisi par le rappeur américain d‘origine sénégalaise, Alioune Badara Thiam dit Akon pour concevoir le projet ultra médiatisé ‘Akon City’, aspire à laisser une empreinte avec cette réalisation. Avec Akon City, «je suis heureux de pouvoir concevoir quelque chose qui participe au développement du pays», soutient l’architecte.
La ville du futur ‘Akon City’ sera en effet construite dans une zone rurale située à une centaine de kilomètres de Dakar. Pourtant, le projet n’a pas forcément pas eu l’approbation de tous. Certains le qualifient en effet de mégalo. Tandis que d’autres pointent du doigt les déséquilibres socio-culturels que ce projet pourrait causer.
«Monsieur Akon a rencontré les populations locales pour leur expliquer que ce projet est d‘abord pour eux», confié Hussein Bakri. Par ailleurs, «certains n’ont pas compris pourquoi mon client n’a pas choisi un architecte originaire du continent. Je leur réponds que l’architecture est un langage universel. Vous pouvez certes comprendre la culture d’un pays parfaitement, mais cela veut-il dire que vous allez la représenter idéalement ? ».
Pour Hussein Bakri, l’architecture est donc une philosophie. «Vous devez vivre l’architecture. Ce n’est ni plus ni moins qu’un sentiment qui se traduit par une structure». Il n‘aime d‘ailleurs pas qu’on le réduise à son métier. Lui se décrit d’abord comme un «créateur» qui prétend placer l’humain au cœur de ses projets. «Lorsque je crée quelque chose, le résultat définitif ne m’intéresse pas tant que ça. J’apprécie en revanche le procédé pour parvenir à l’identité que je souhaite donner au projet», détaille-t-il.
‘Akon City’, pas un Wakanda bis
Le pays fictif ‘Wakanda’ a d’ailleurs souvent été cité en exemple pour parler d’Akon City. «L’aspect futuriste de cette ville facilite en effet la comparaison», explique Hussein Bakri qui nie toutefois le lien entre ‘Akon City’ et Wakanda. «Akon City est une utopie de la nature», dit-il enrevanche. L’architecte s’est en effet inspiré des éléments physiques qui composent la nature sénégalaise. Notamment le baobab, symbole qui figure d’ailleurs sur les armoiries du Sénégal. Idem pour les vagues qui frappent le littoral sénégalais et des animaux emblématiques du pays comme la gazelle oryx.
La vidéo diffusée au terme de la présentation du projet à la presse en septembre dernier reprend d’ailleurs l’ensemble de ces éléments. «Nous utilisons la nature pour la protéger», résume-t-il en quelques mots.
Ce projet est aussi une manière «de donner au Sénégal son propre style architectural». L‘architecte libanais promet sans donner plus de détails que «d’autres projets vont veni».
L’architecte en chef de Diamniadio Lake City
Hussein Bakri est également l’architecte en chef de ‘Diamniadio Lake City’, un projet aussi médiatisé qu‘Akon City, et dont la construction est prévue en périphérie de Dakar. Un chantier qui l’avait conduit à visiter alors le pays de la Teranga pour nourrir ses inspirations, même s’il ne parle ni le wolof, ni le français.
Formé aux États-Unis, Hussein Bakri a développé ses premiers projets dans les pays anglophones du continent. Notamment au Kenya ou encore en Tanzanie. Ce n’est qu’en 2017 que l’architecte découvre l’Afrique francophone et en particulier le Sénégal.
Estimé à 6 milliards de dollars, ‘Akon City’ pourrait créer directement et indirectement environ 100.000 emplois, selon Bakri & Associates Development (BAD) Consultants. La première phase de développement de la ville intelligente devrait être achevée en 2023 et couvrira 55 hectares. À la fin de la décennie, le complexe devrait s’étendre sur 514 hectares.
Innocente Nice
