Le monde veut croire à la nouvelle paix des braves inter-soudanaise

Afriquinfos Editeur
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Khartoum (© 2022 Afriquinfos)- La récente signature d’un accord-cadre au Soudan pourrait permettre au pays de sortir de l’incertitude politique et de l’insécurité, a estimé ce mercredi 6 décembre 2022 Volker Perthes, chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan.

« L’accord-cadre offre désormais une voie pour concrétiser les aspirations de la jeunesse soudanaise, femmes et hommes« , a-t-il dit par vidéo lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

M. Perthes a indiqué que ce document pourrait poser les bases d’un accord final et de la formation d’un nouveau gouvernement civil afin de mieux répondre aux besoins sécuritaires, humanitaires et économiques du Soudan pendant deux ans.

« Il permettra aussi de reprendre les pourparlers de paix avec les mouvements qui n’ont pas encore fait la paix avec le gouvernement et de rétablir un large soutien international pour le Soudan« , a-t-il poursuivi.

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L’émissaire a décrit cet accord comme une avancée significative, mais qu’il devait aussi aborder les « sujets litigieux essentiels« , comme la réforme du secteur de la sécurité et la fusion des forces combattantes, la justice transitionnelle et la mise en œuvre de l’accord de paix de Juba signé en 2020 par le gouvernement de transition et l’opposition.

Des dirigeants militaires et civils au Soudan ont signé, lundi 5 décembre, un premier accord visant à mettre fin à la profonde crise politique qui secoue ce pays pauvre d’Afrique du Nord-Est depuis le putsch il y a un peu plus d’un an.

L’accord cadre a été signé par le général Burhane, le commandant paramilitaire Mohamed Hamdan Daglo ainsi que plusieurs groupes civils, notamment les Forces pour la liberté et le changement (FFC) qui ont été évincées lors du coup d’État.

Sa signature intervient après de multiples tentatives pour sortir de l’impasse depuis que le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, a pris le pouvoir et évincé les dirigeants civils. L’accord établit quatre niveaux d’autorité : le conseil législatif, le conseil souverain, le conseil des ministres, ainsi que les conseils judiciaires et les commissions indépendantes.

Le document a été négocié en présence de responsables des Nations unies, de diplomates occidentaux, ainsi que de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, selon la FFC.

De leur côté, les États-Unis, la Norvège, le Royaume-Uni, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont « salué » la signature de ce premier accord.

Parallèlement, les équipes de l’ONU au Soudan ont déjà commencé à se coordonner avec la communauté internationale pour garantir un « paquet » de mesures de soutien pour une nouvelle période de transition.

Malgré ces progrès politiques encourageants, Volker Perthes a averti que « les défis et les obstacles » pourraient encore les faire dérailler, tout en notant qu’un processus suffisamment inclusif pourrait permettre de se prémunir contre ceux qui cherchent à saper le processus et que la participation significative des femmes et des jeunes serait cruciale pour le succès du processus politique. Il a également fait un point sur la situation humanitaire depuis 2021, indiquant que plus de 900 personnes avaient été tuées et de nombreuses autres blessées dans les conflits violents dans les Etats du Nil-Bleu, du Kordofan occidental et du Darfour.

Le coup d’État du général Burhane le 25 octobre 2021 a fait dérailler une transition difficile vers un régime civil installé après l’éviction en 2019 de l’ancien président Omar el-Béchir, resté au pouvoir pendant près de trois décennies.

Depuis, des manifestations quasi hebdomadaires contre le putsch ont lieu dans ce pays frappé par une crise économique et une montée de la violence inter-ethnique. On estime que 15,8 millions de Soudanais auront besoin d’aide en 2023, soit une hausse de 1,5 million par rapport à 2018, a indiqué M. Perthes.

Vignikpo Akpéné