Café : le Cameroun 22e mondial avec une production annuelle entre 35.000 et 40.000 tonnes

Afriquinfos Editeur
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"La baisse serait installée de manière structurelle, de sorte que dans notre balance commerciale, le café qui était le premier produit exporté a été relégué au 5e rang", a souligné à Xinhua le président du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), Apollinaire Ngwe, lors d'une concertation sur la Stratégie de développement de la filière café au Cameroun, tenue mercredi et jeudi à Yaoundé.

Pour cet organisme en effet, "malgré le rôle important joué par le café, à la fois pour le revenu des ménages et dans l'économie nationale, la production a diminué au cours des 30 dernières années d'une moyenne de 100.000 tonnes métriques par an, au niveau actuel d'un peu plus 40.000 tonnes, comprenant environ 92% de robusta et 8% arabica".

Conséquence à cette baisse de production, la valeur des exportations camerounaises, révèle le CICC, a aussi diminué, passant d'un pic de 302.654.000 USD en 1990, à environ 66.454.000 USD en 2008.

Pour autant, le Cameroun reste l'un des plus importants producteurs de café en Afrique. En termes de volume d'exportation, il occupe le cinquième, après l'Ouganda, l'Ethiopie, la Côte d'Ivoire et la Tanzanie.

Demeurée un contributeur majeur pour le pays en termes de recettes en devises et de fourniture d'emplois pour les communautés rurales, cette culture de rente est "produite par environ 400.000 ménages ruraux, ce qui représente environ 2,8 millions de personnes qui en tirent leur subsistance. Cela vient en plus des emplois directs et indirects que le café procure à quelque 200.000 ménages représentant environ 160.000 personnes", fait savoir le CICC.

La libéralisation de la filière au début des années 90 accompagnée de l'arrêt des subventions des pouvoirs publics aux producteurs issus notamment de ce monde rural et une crise de nerfs du marché international caractérisée par chute drastique des cours mondiaux ayant fini par décourager de nombreux producteurs sont à l'origine de la morosité du secteur que les autorités de Yaoundé, aidées par les bailleurs de fonds, tentent de surmonter.

Exécutée depuis 2010 après son adoption l'année précédente, la Stratégie développement de la filière café au Cameroun couvre l'ensemble de la chaîne de valeur traditionnelle, de la recherche à l'exportation, en passant par la production, l'usinage et la commercialisation interne. Concernées aussi, la transformation et la consommation domestiques.

Pour les objectifs, l'augmentation de la production et l'amélioration de la qualité sont une priorité qui entend porter la production à 120.000 tonnes à l'horizon 2015 dont 25.000 tonnes d'arabica et 100.000 tonnes de robusta, avec les exportations prévues à au moins 80.000 tonnes réparties entre 15.000 tonnes d'arabica et 65.000 tonnes de robusta. La consommation domestique étant pour sa part de 10.000 tonnes de café vert.

Pour les débouchés, le café camerounais se commercialise traditionnellement en Italie pour le robusta pour plus de 40% des exportations totales en 2007-2008 et l'Allemagne en ce qui concerne l'arabica pour plus de 70% du total des exportations, d'après le Conseil interprofessionnel du cacao et du café.

A en croire cet organisme basé à Douala, la métropole économique camerounaise avec accès à la mer grâce à un port fluvial, la dernière enquête sur la transformation et la consommation domestiques de café réalisée en 2006 faisait état d'une baisse de 6.000 tonnes en 1999 à 4.500 tonnes en 2000 et une stagnation à environ 4.000 tonnes depuis 2001.

"Toutefois, sans avoir des données précises, on constate depuis deux ans une augmentation des marques de café torréfié sur les rayons des supermarchés. En effet, 24 torréfacteurs ont été recensés fin 2007. Les données collectées auprès de ces torréfacteurs (environ 7.000 tonnes transformées) suggèrent une augmentation de la consommation locale, et probablement sous-régionale de café", informe l'organisme.

Ce regain d'intérêt se traduit surtout par un retour des producteurs dans la filière et l'introduction d'une nouvelle technique de production liée au café lavé ou café marchand "fully washed" à travers la création de quatre stations de lavage dans différentes bassins de production à l'est, à l'ouest, au nord-ouest et au sud-ouest, un café aux prix attractifs qui attire des investisseurs privés.

Surtout, parmi les atouts du café camerounais, l'on cite des terres fertiles et un climat idéal pour la culture de ce produit, des possibilités d'extension des exploitations, une population active et jeune, de bonnes structures de traitement dans les zones de production et de manutention au port de Douala, une qualité intrinsèque toujours appréciée sur les marchés, une clientèle fidèle en Europe, etc.