"Le café produit par les stations est d'une grande qualité (marché gourmet) et a été vendu avec une prime d'environ +25% par rapport au café nature, générant des revenus plus importants pour tous les acteurs de la filière dont les paysans", souligne une note d’évaluation de l' opération élaboré par le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC).
Pour le dirigeant de cet organisme, Apollinaire Ngwe, interrogé par Xinhua, "c'est une innovation pour le café robusta lavé. Parce que jusqu'à maintenant, le Cameroun ne produisait de café lavé que sur l'arabica. Les résultats sont encourageants, car, les premières exportations qui ont déjà eu lieu, ont été largement appréciées par les pays consommateurs".
La spécificité du café lavé ou café "fully washed" réside dans le fait qu’au lieu de passer à la fermentation (voie humide traditionnelle), le café est traité mécaniquement afin de retirer son mucilage, avec comme un des principaux atouts la réduction de la consommation d'eau jusqu'à 80 à 90% de moins par rapport au système traditionnel, expliquent les spécialistes.
Localisées à Muambong dans la région du Sud-Ouest, à Bandjoun à l'Ouest, à Belo au Nord-Ouest et à Angossas à l'Est, les stations de lavages compactes écologiques résultent d'un projet d'augmentation de la production et d'amélioration de la qualité du café camerounais, financé par l'Union européenne (UE) et la Banque mondiale en marge du programme "tous ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique)", avec le soutien du Centre du commerce international (ICT).
Grâce aux investissements privés, deux autres usines ont vu le jour à Santchou au Nord-Ouest par Union Trading International (UTI) et Kouoptamo à l'Ouest par West Hills. De l'avis du CICC, ces unités ont dans leur totalité produit des petits volumes de café très apprécié sur les marchés internationaux, "contribuant à une meilleure rémunération de l'ensemble de la chaîne de valeur, notamment les producteurs".
Par ailleurs équipées pour traiter des eaux usées et ainsi préserver l'environnement, "ces stations en milieu rural, soutient l'organisme, ont également permis de créer des points d'accès aux services agronomiques et de mise en relation avec les marchés pour environ 1.500 planteurs livrant leurs produits aux stations".
"On a exporté pas grand-chose, parce que ce n'est que l'année dernière qu'on a commencé, mais on a exporté une centaine de tonnes de café robusta lavé. Les coûts sont meilleurs que le robusta séché au soleil, c'est-à-dire naturel. C'est le rendement qui est meilleur au niveau de l'exportation, en termes de prix de vente. Ça se vend mieux que le café robusta séché au soleil. Il y a une plus value qui est plus consistante", a affirmé Apollinaire Ngwe.
"On a exporté aux Etats-Unis pour la première fois, on a exporté également en Europe qui est notre premier consommateur de café, notamment en Italie", a-t-il ajouté. Un marché de niches qui charrie de réels espoirs pour que le Cameroun, relégué du 12e rang mondial des producteurs de café en 1986 au 22e depuis 2008, puisse rebondir dans ce classement.
Le directeur général de l'Office national du cacao et du café, Michael Ndoping a, de son côté, fait part de l'objectif selon lequel, "avec la tendance baissière en termes de volumes, il faut sortir du créneau du café tout-venant pour aborder le café haut de gamme, le café spécial, où les prix sont parfois doubles. Donc, avec une production moyenne mais vendue sur un marché de niches, on gagne autant d'argent, sinon plus".
"Pour nous, a-t-il dit, ce n'est pas vraiment un problème de volumes. C'est un problème de repositionner l'origine Cameroun sur les marchés porteurs où, avec des petites quantités, on gagne autant d'argent, sinon plus d'argent. Le marché courant, on ne pourra jamais produire autant de café comme le Vietnam ou le Brésil qui produisent des milliers et des milliers de tonnes. Nous, on est à 30.000 tonnes. Autant chercher à placer sur un marché où les prix nettement meilleurs", a-t-il noté.