Tunisie: 70 pays invités à Tunis pour chercher des solutions pour la crise syrienne

Afriquinfos Editeur
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Selon les dirigeants tunisiens, l'objectif de cette conférence n'est autre que l'aboutissement à une résolution internationale sur la crise en Syrie, a déclaré M. Rafik Abdessalem, ministre tunisien des Affaires étrangères.

Bien que le chef de la diplomatie tunisienne ait insisté sur l'importance de la représentativité de la Russie et de la Chine lors de la Conférence de Tunis, Moscou a récemment annoncé qu'elle n'y sera pas présente alors que Beijing n'a pas encore confirmé sa participation à cet événement.

Pour la Russie, "le plus important concernant la Conférence de Tunis consiste en son objectif qui n'est pas clair", selon Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Le responsable russe a également évoqué les invités à cette conférence, soulignant qu' "on n'a invité en Tunisie que des groupes séparés d'opposition, alors que des représentants du gouvernement syrien n'ont pas été invités".

Claire et ferme, la position de la Chine a été annoncée mardi par M. Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a révélé que "nous avons suivi de près les développements de la situation, et nous sommes profondément inquiets de l'escalade de la crise qui a provoqué des pertes civiles et affecté la paix et la stabilité de la région".

 Beijing est plutôt favorable à un lancement immédiat d'un processus de dialogue national sans conditions préalable, tout en appelant "à discuter conjointement d'un plan de réformes politique global".

La communauté internationale devrait respecter la souveraineté de la Syrie, son indépendance, son unité et son intégrité territoriale, et les choix indépendants du peuple syrien, de même que les résultats issus des dialogues politiques entre les différentes parties syriennes concernées, toujours selon M. Hong Lei.

En tant que pays organisateur de cette conférence internationale sur la crise syrienne, la Tunisie a formulé son "espoir d'aboutir à une résolution politique similaire à celui au Yémen", selon le président tunisien Moncef Marzouki, qui a appelé à la mise à l'écart du chef d'Etat syrien Bachar Al-Assad. Cette voie, toujours selon M. Marzouki, favorise la transition progressive du régime en Syrie d'autant plus qu'elle permettra aux Syriens de décider de leur avenir à travers des élections. Le président tunisien a toutefois exprimé son refus de toute intervention militaire en Syrie. Selon la presse tunisienne, les Etats-Unis et ses alliés espèrent que les travaux de la Conférence de Tunis aboutissent à l'élaboration d'un plan pour résoudre la crise syrienne à la lumière des vétos russe et chinois contre une initiative de la Ligue arabe appuyée par les Occidentaux. "La Ligue arabe a commis une grave erreur du moment où elle a ignoré la nouvelle composition de la carte des puissances mondiales d'autant plus qu'elle n'a pas coopérer avec des pays amis comme la Russie et la Chine qui étaient toujours aux côtés des causes arabes notamment sur le conflit arabo-israélien", a récemment écrit Abdelbari Atwan, journaliste palestinien.

Tout comme les régimes arabes de la région, a-t-il insisté dans un communiqué publié sur sa page officielle, le régime syrien "doit être persuadé que le traitement non-étudié de l'affaire syrienne constitue une tentative de fermer définitivement ce dossier pour se concentrer sur un autre plus important à savoir le dossier iranien". Citant des analystes politiques, la presse officielle tunisienne a rapporté à une journée de la Conférence de Tunis que "vu le soutien russe et iranien au régime syrien d'Al-Assad, un soutien tacite américain aux rebelles armés syriens constitue une stratégie risquée de l'escalade compte tenu de la complexité de la situation ethnique et religieuse dans le pays". Armer les soldats syriens libres et les autres groupes d'opposition en Syrie "pourrait aboutir à renverser le régime d'Al-Assad au bout du compte, mais cela renforcerait le risque d'un Etat divisé et en état d'échec", a affirmé dans une tribune publiée mardi Robert Danin, un spécialiste américain du Moyen-Orient au "Council on Foreign Relations". Les dirigeants tunisiens estiment à travers la Conférence de Tunis réunir une communauté internationale divisée autour de l'affaire syrienne dont le nombre des victimes ne cesse de s'amplifier d'un jour à l'autre selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Entre les intérêts des Etats-Unis et ses divers alliés occidentaux de déchoir rapidement Bachar Al-Assad d'un côté et les tentatives russe et chinoise de trouver une voie pacifique de l'autre, la Ligue arabe s'est de nouveau adressée au Conseil de sécurité de l'ONU pour examiner une proposition d'envoyer des forces conjointes ONU-Arabes en Syrie pour le maintien de la paix.

 Appelant à rompre toute coopération diplomatique avec Damas, "la Ligue arabe demande en même temps l'envoi de troupes de maintien de la paix en Syrie". Et selon Yezid Sayigh, chercheur libanais de la Fondation Carnegie pour le Moyen-Orient à Beyrouth, c'est une position plutôt contradictoire.

Dans l'attente des résultats de la Conférence internationale de Tunis, les "Amis du peuple syrien" doivent focaliser sur le respect de la souveraineté du peuple syrien et son droit légitime à décider, lui seul, de son avenir sans pour autant donner la voie à une intervention extérieure sous n'importe quel prétexte, a souligné la presse tunisienne en prévision de cet événement.