Maroc : les défis du premier gouvernement sous la nouvelle Constitution

Afriquinfos Editeur
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Nommé par le roi Mohammed VI, le nouveau gouvernement dirigé par le chef du gouvernement marocain désigné, Abdelilah Benkirane, prend les commandes dans une conjoncture difficile, marquée notamment par les turbulences qu'a connues la région du Maghreb mais aussi par la dégradation des perspectives de croissance en Europe (premier partenaire du pays) à cause de la crise de la dette.

Alors, dans cette conjoncture internationale et régionale plutôt défavorable, sur quelle base ce gouvernement de coalition va-t-il élaborer sa déclaration gouvernementale ? Comment procédera-t-il pour résorber le chômage qui affecte près de 9% de la population, un déficit qui dépasserait les 3,6% du PIB ou encore un déficit commercial qui s'est creusé à fin novembre pour se situer à plus de 166 milliards de dirhams ?

A toutes ces questions, le nouveau cabinet sera invité à répondre lors de la présentation de son projet de loi de Finances 2012. Un exercice qui s'avère difficile face à une opposition qui ne manquera pas de monter au créneau.

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Le chef du gouvernement marocain désigné avait souligné que son équipe gouvernementale accordera la priorité à cinq secteurs au coeur des préoccupations des citoyens.

"Nous avons analysé la situation au Maroc et nous avons constaté que les problèmes que connaît le Royaume sont essentiellement liés à cinq secteurs, à savoir la justice, l'enseignement, l'emploi, le logement et la santé", a précisé M. Benkirane.

Parmi les priorités de l'action du prochain cabinet figurent l'amélioration des conditions de vie des citoyens, notamment ceux vivant dans la précarité, a ajouté M. Benkirane.

Son parti islamiste modéré promet de positionner le Maroc parmi les 90 premiers pays en matière d'indice de développement humain, de ramener le taux d'analphabétisme à 20 % à l'horizon 2015 et à 10 % à l'horizon 2020, de porter le SMIG à 3.000 dirhams et le montant minimal de la pension de retraite à 1.500 dirhams et d'améliorer la santé mère-enfant.

Le PJD mise sur un déficit budgétaire de l'ordre de 3% du PIB, un taux de croissance de l'ordre de 7% et d'une réduction de moitié du taux de pauvreté, objectifs qu'il juge tout à fait raisonnables. Il envisage également de procéder à un allègement des impôts pour les classes moyennes et modestes mais pas pour les riches qui seront imposés plus lourdement.

Le PJD annonce aussi des propositions concrètes comme l'attribution annuelle de 100.000 bourses de formation, l'incitation à l'auto-emploi, l'attribution des marchés publics à des entreprises marocaines, la prise en charge par l'Etat des charges sociales des nouveaux recrutés durant les deux premières années après l'embauche…

Mais, c'est l'emploi des jeunes qui figure en tête des priorités. Selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), institution marocaine de prospective, d'analyse et de prévision économique, en charge du système national de production statistique, le chômage reste particulièrement élevé parmi les jeunes de 15 à 24 ans, avec 17,6% au niveau national et 31,3% en milieu urbain, les détenteurs de diplômes de niveau supérieur avec (18,1%) et de niveau moyen (16%) et les promotions de la formation professionnelle (technicien supérieur, technicien, qualification et spécialisation), avec 19,7%.

Le nouveau chef du gouvernement, dans ses récentes sorties médiatiques, reconnaît que la question de l'emploi n'est pas facile à régler et qu'il faut déployer de grands efforts pour lutter contre le chômage.

En effet, les jeunes diplômés au chômage nourrissent de grands espoirs dans le futur gouvernement. Le PJD a promis de réduire de 2% le taux de chômage et d'accorder 100.000 bourses aux jeunes diplômés et demandeurs d'emplois pour couvrir leurs besoins en période de stage.