Bilan 2011 – Maroc : montée en puissance des partis d’obédience islamiste

Afriquinfos Editeur
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Cette victoire peut être interprétée comme un tournant dans la manière dont les islamistes sont perçus : les islamistes ne font plus peur, et l'on assiste au Maroc à une grande réconciliation avec les courants islamistes modérés.

 C'est la nouvelle Constitution, adoptée par une majorité écrasante lors du référendum du 1er juillet 2011, qui a permis de désamorcer la contestation d'une frange de la jeunesse marocaine, apparue avec le Mouvement du 20 février. Ce dernier demandait via le réseau social Facebook la réduction des pouvoirs du roi, réclamait davantage de démocratie et moins de corruption.

En répondant aux revendications des jeunes dans un discours prononcé le 9 mars dernier, le roi du Maroc, Mohammed VI, avait annoncé la révision de la Constitution sur la base d'une série de principes fondamentaux dont la séparation et l'équilibre des pouvoirs, un parlement au sein duquel la prééminence revient à la Chambre des représentants et la volonté d'ériger la justice en pouvoir indépendant. Les pouvoirs du roi devaient également connaître une réduction importante au profit du Premier ministre qui prend désormais le titre de chef du gouvernement, et voit ses prérogatives renforcées.

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Après l'approbation par référendum de la nouvelle Constitution, les élections législatives du 25 novembre, les troisièmes sous le règne du roi Mohammed VI, ont constitué un événement historique dans la vie politique du Maroc.

La victoire du PJD a confirmé l'avènement des islamistes au Maroc. Le PJD, dont le secrétaire général Abdelali Benkirane a été nommé par le roi nouveau chef du gouvernement, a réalisé un score aussi impressionnant qu'inattendu avec 107 sièges sur 395, dépassant donc largement les 46 sièges obtenus en 2007.

Après sa victoire, le PJD a le devoir de tenir ses promesses de campagne électorale, parmi lesquelles figurent la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la stabilité de la croissance économique, ainsi que le soutien à la formation et l'incitation à l'auto-emploi.

 Sur le plan social, le PJD a promis de positionner le Maroc parmi les 90 premiers pays du monde en matière d'indice de développement humain, de ramener le taux d'analphabétisme à 20 % à l'horizon 2015 et à 10 % à l'horizon 2020, de porter le SMIG à 3 000 dirhams et le montant minimal de la pension de retraite à 1 500 dirhams, et également d'améliorer la santé mère-enfant.

Abdelali Benkirane, secrétaire général du PJD et Premier ministre désigné, a annoncé le 24 décembre que la composition du nouveau gouvernement serait connue dans les prochains jours.

Selon des analystes, le nouveau gouvernement aura quatre défis majeurs à relever. Le premier défi sera l'instauration d'une bonne gouvernance, basée sur une interprétation démocratique de la Constitution. Le second défi sera la mise en place, dans les plus brefs délais, d'un nouveau pacte social permettant à tous les citoyens de vivre dans la dignité – en leur procurant des services sociaux efficaces, en favorisant l'ascension sociale, et en les impliquant dans l'essor de la nation.

Le troisième défi à relever sera l'instauration d'un environnement économique plus transparent, dans le but d'encourager les investissements domestiques et extérieurs, producteurs de richesse et garants de justice sociale. Et le dernier défi sera la défense de l'intégrité territoriale et le renforcement des valeurs marocaines issues de l'Islam et de la diversité culturelle du Maroc.