Bilan 2011 – Difficultés et perspertives de l’économie de la Tunisie

Afriquinfos Editeur
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"La Tunisie clôtura l'année 2011 avec un taux de croissance presque nul ou négatif",  a ainsi déclaré le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Mustapha Kamel Nabli.

 Comment et qu'est-ce qu'on doit faire pour relancer l'économie tunisienne?  Farid Tounsi, Directeur général de l'Agence tunisienne de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation (APII), entend tracer une voie à suivre dans une récente interview accordée à Xinhua.

La Tunisie devra continuer à mobiliser ses efforts et mettre le cap sur l'appel à l'investissement national et étranger, l'amélioration de la compétitivité de l'entreprise et un meilleur marketing de la Tunisie pour réaliser un taux de croissance en mesure de résorber le chômage et créer des richesses, a souligné M. Tounsi.

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 UN MODELE ECONOMIQUE REUSSI

  Avant le 14 janvier et selon les témoignages de certaines organisations internationales, comme la Banque mondiale et la Banque européenne d'Investissement, la Tunisie a été "un modèle économique réussi avec une compétitivité améliorée et une croissance de 5% sur les 20 dernières années".

"Mais cette observation ne nie pas que le modèle économique tunisien était entaché de plusieurs vicissitudes politiques, de mauvaise gouvernance et de corruption", a souligné M. Tounsi, ajoutant que ce modèle était déjà confronté à "des défis et problèmes structurels en profondeur dont l'emploi, le développement régional, l'augmentation du taux de croissance et le passage d'une économie émergente à une autre développée".

Le modèle économique appliqué sous le régime de Ben Ali a fait, dans ce sens, preuve d'incapacité face à ces défis dans la mesure où il "ne permettait pas de résorber le chômage structurel", d'autant plus que "la Tunisie n'a pas réussi à faire un bon marketing international de son économie", a encore confié M. Farid Tounsi.

REDUCTION DES INVESTISSEMENTS

S'arrêtant sur la chute du système de Ben Ali, M. Tounsi voit que la goutte qui a débordé le verre des Tunisiens est la corruption, la mauvaise gouvernance et surtout le chômage et le déséquilibre social. Ces éléments "finissaient par bloquer l'initiative privée et rendre l'atmosphère extrêmement négative" en Tunisie.

 Selon la vision du Directeur général de l'APII,  la révolution tunisienne de janvier a constitué non seulement le début de l'exercice de la démocratie que la Tunisie n'a jamais eu dans son histoire, mais elle a également donné lieu à "un combat ouvert contre l'exclusion, la mauvaise gouvernance et la corruption".  

Au niveau des dégâts pendant et après la révolution de janvier, l'APII a recensé environ 300 entreprises incendiées, "partiellement endommagées ou encore observant un arrêt de production".

Parmi ces 300 entreprises sinistrées,  "une centaine a fuit la Tunisie", a indiqué le Directeur général de l'APII, ajoutant que "ce constat est aggravé par la perte de pas moins de 10 mille emplois".

Depuis le 14 janvier 2011, les intentions d'investissements ont reculé de 35%, mais les chiffres des dix premiers mois de 2011 viennent confirmer que "la tendance globale à ce niveau est excédentaire de plus de 20%, avec une diminution de l'investissement étranger, mais rétractée de 35% à 20%".

"Sans se tromper, le secteur industriel tunisien a pu relativement résister aux effets collatéraux de la révolution" et "les perspectives sont aujourd'hui tout à fait positives pour rassurer les investisseurs tunisiens et étrangers", a souligné M. Tounsi.

 UNE PLATEFORME POUR LES INVESTISSEURS

Actuellement et selon les déclarations des partis politiques, "en course au pouvoir, aucun d'entre eux n'a mis en cause l'investissement étranger, l'ouverture économique de la Tunisie ni la liberté d'entreprendre et d'investir", a estimé M. Tounsi, abordant les choix à court, moyen et long termes à prendre par les nouveaux dirigeants en Tunisie.

Pour la courte période d'une année, il s'agit de monter des "task force" afin de faire face au chômage structurel grâce, entre autres, au renforcement des nouvelles idées de projets, et au lancement de nouvelles filières industrielles porteuses, des monographies sectorielles et des études régionales, a-t-il  recommandé.  

Ces voies représentent, selon M. Farid Tounsi, "une importante richesse pour celui qui veut entreprendre dans l'industrie tunisienne, notamment les investisseurs étrangers, dont les Chinois, bénéficiant des avantages compétitifs de la Tunisie qui viennent de se renforcer cette année par l'avantage de la transparence", du fait que la demande tunisienne accrue de la démocratie "va certainement combattre la corruption et la mauvaise gouvernance".

En dehors de la transparence, la Tunisie "pourrait certes servir de plateforme permettant à des économies occidentales, asiatiques et américaines d'en prendre comme base pour aller reconstruire d'autres pays comme la Libye", a conclu le Directeur général de l'APII.