L’université de Wits fête son centenaire, et s’ancre davantage dans les mines

Afriquinfos Editeur
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Johannesburg (© 2022 Afriquinfos)- Cette année, l’Université du Witwatersrand célèbre son  centenaire. Plus communément appelée « Wits », il s’agit de l’une des plus prestigieuses universités du continent. Elle se situe dans le centre de Johannesburg, en Afrique du Sud.

Initialement conçue pour soutenir l’industrie minière dans ses recherches, l’université a su élargir ses domaines de recherches. « Wits » regroupe à ce jour cinq facultés sur 400 hectares, regroupées en deux campus. Elle accueille aujourd’hui 40 000 étudiants. Elle reste une référence dans le monde.

Le monde sous-terrain est un domaine de recherche très bien représenté à Wits. D’un côté les mines, de l’autre la paléontologie. Une science incarnée par le professeur Lee Berger, celui-là même qui avec ses équipes ont découvert l’australopithèque sediba en 2008.

« Vous avez devant vous plus de la moitié des fossiles humains découverts en Afrique qui sont conservés dans cette pièce, présente-t-il. Sediba dans cette boîte là-bas, Homo naledi ici, parmi beaucoup d’autres. Ce sont parmi les objets les plus rares et les plus précieux de la planète. »

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Lee Berger, un explorateur d’origine américaine ne se voit ailleurs que sur le continent. Il s’est même  fait un nom en Afrique du Sud, à Wits.  « Nous sommes ici en Afrique dans une université de classe mondiale, capable de mener ce genre de recherches. On ne peut pas faire ça ailleurs dans le monde. Quand je vois comment c’est aux États-Unis, je préfère rester un visiteur. »

Même si Wits n’a rien  à envier aux autres universités,  elle souhaite renforcer son influence sur le continent. « Notre objectif est d’atteindre l’Afrique francophone. Wits se voit comme un endroit où l’on peut transcender les frontières artificielles qui séparent l’Afrique anglophone, francophone, lusophone et arabophone », explique Zeblon Vilakazi, vice-chancelier.

Le professeur Achille Mbembe. D’origine camerounaise, influent en France, ancien enseignant aux États-Unis et professeur à Wits depuis 2001 a trouvé l’écrin idéal pour ses recherches. Il illustre les ramifications de Wits à travers le monde.

« Nous faisons partie des grands réseaux de circulation des idées à l’échelle internationale, disons dans le domaine des sciences humaines et des sciences sociales. Alors tout cela montre qu’on peut vivre et travailler à partir de l’Afrique, tout en ayant un rayonnement qui dépasse l’Afrique du Sud en tant que telle et le continent lui-même. », A-t-il souligné.

Par ailleurs, Achille Mbembe dit observer l’avenir avec inquiétude. Selon lui, la poussée du sentiment xénophobe en Afrique du Sud, alimentée par le gouvernement, risque de porter atteinte au projet panafricaniste de Wits et à son influence dans le monde.

L’impact de l’université du Witwatersrand sur la société datant de plus de 100 ans, son vice-chancelier et directeur, Zeblon Vilakazi, est d’avis que l’institution est un trésor national qui occupe une place spéciale dans le cœur des Sud-Africains.

3 milliards de dollars  pour soutenir l’enseignement

Cette célébration « a un impact disproportionné sur la société dans de multiples sphères. Nous continuerons à utiliser nos prouesses intellectuelles, notre leadership social et notre innovation, pour nous attaquer aux problèmes complexes du XXIe siècle, qu’il s’agisse de l’urgence climatique, des inégalités, des pandémies, de l’économie du futur ou de la garantie de meilleurs soins de santé pour tous. », a souligné  Monsieur Vilakazi.

Pour célébrer ses  100 ans d’excellence académique et de recherche, d’innovation et de justice sociale,  l’Université a lancé la campagne du centenaire qui vise à réunir 3 milliards de dollars pour soutenir l’enseignement, la recherche et l’innovation, le développement des infrastructures et les étudiants. Une série d’événements est prévue, qui culminera par un week-end de rentrée du 2 au 4 septembre, plus proche de l’anniversaire officiel de Wits.

Le 4 mars 1922, l’université aurait été créée par un acte du Parlement. Toutefois, l’inauguration officielle a été reportée en raison de la rébellion de Rand et d’autres événements, et les célébrations ont eu lieu le 4 octobre de la même année.

Au cours des dix dernières décennies, l’institution est décrite comme ayant développé les compétences rares et de haut niveau nécessaires pour faire avancer le pays et notre économie. « Nous avons fait des découvertes spectaculaires, développé des premières mondiales, nourri des générations d’étudiants, créé de nouvelles connaissances et développé des innovations ayant un impact mondial », a ajouté M. Vilakazi.

« Mais nous ne réussissons que grâce aux efforts de notre personnel engagé, de nos dirigeants, de nos partenaires sociaux, et avec le soutien de nos amis, anciens élèves, donateurs et financeurs. », a-t-il conclut.

 

V.A.