‘Blue Note Africa’, le label qui revalorise les artistes jazz en Afrique

Johannesburg (© 2022 Afriquinfos)- Le paysage musical du jazz africain redore son blason à l’international. Les très prestigieux labels ‘’Blue Note Records’’ et ‘’Universal Music Group Africa’’ se sont associés pour mettre en lumière les talents jazz du continent africain avec la création d’un nouveau label baptisé Blue Note Africa.

Le légendaire label de jazz américain Blue Note Records et Universal Music Group Africa viennent de créer ‘’Blue Note Africa’’, un nouveau label dédié au jazz sur le continent africain.  Cette nouvelle maison de disques a pour principal but de faire connaître les musiciens et compositeurs de jazz africain à un public mondial en vue de favoriser les échanges culturels entre le continent et le reste du monde.

«Si Blue Note a résisté à l’usure du temps, c’est que le label n’a cessé de s’adapter, en se concentrant sur la découverte et la présentation de talents de jazz au monde entier», indique Sipho Dlamini, PDG d’Universal Music Africa, la division africaine de la maison disque américaine basée à en Afrique du Sud.

Dirigée par le musicien et producteur américain Don Was, l’équipe de Blue Note Records aura la charge de promouvoir les talents de jazz africain dans le monde et particulièrement aux États-Unis. «Une formidable opportunité pour le jazz africain. Désormais, du Cap au Caire, la route du jazz africain passera par la Californie», s’est réjoui Sipho Dlamini.

«La musique africaine représente un apport créatif majeur pour presque tous les albums du riche catalogue de Blue Note. C’est donc un grand honneur pour nous de nous associer à la talentueuse équipe d’Universal Music Africa dans cette nouvelle aventure. Ensemble, nous mettrons en lumière le merveilleux jazz que nous offre l’Afrique aujourd’hui», a décrit Don Was.

‘In the Spirit of Ntu’ disponible chez ‘Blue Note’ dès ce  27 mai

Le tout premier album sous Blue Note Africa est ‘’The Spirit Of Ntu’’ du pianiste et compositeur sud-africain Nduduzo Makhathini. Il est disponible chez la maison de disques dès ce 27 mai 2022.

Makhathini possède neuf albums à son actif. En 2018, il signe avec Universal Music Africa et son deuxième album, Modes of Communication: Letters from the Underworlds, est sorti conjointement sur Blue Note Records. Largement apprécié en Afrique, en Europe et aux États-Unis, le disque de Makhathini a été nommé comme l’un des «Meilleurs albums de jazz de 2020» par le New York Times, célèbre quotidien américain.

Ce sont les émeutes de 2021 en Afrique du Sud qui ont servi d’inspiration à l’album In the Spirit of Ntu. L’arrestation de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma en juillet 2021, pour avoir refusé de comparaître dans le cadre d’une enquête sur des allégations de corruption le concernant, provoque alors une vague de protestations de ses partisans qui demandent sa libération.

«Ce projet a été conçu pendant un moment difficile en Afrique du Sud, une période de confusion et de conflits. Ce fut une nouvelle période d’incendies, d’émeutes et de massacres», évoque Nduduzo Malhathini qui entend guérir et apaiser grâce à ce nouvel album. «La musique que j’ai composée ne se veut pas la bande originale de ces incendies et de cette violence, ces sons font partie du discours, ils émanent de ces feux ardents jusqu’à ce que ces feux s’éteignent. Ce qui reste est ce que ces sons cherchent à restaurer».

«Ntu» fait donc référence à l’essence : «C’est l’endroit où réside notre être tout entier, tout y est interconnecté», est-il écrit dans les notes de la pochette de l’album. «C’est une profonde invocation du collectif», explique le jazzman sud-africain qui a puisé dans son héritage et sa connaissance des traditions zoulous pour réaliser ce disque. S’entourant de jeunes talents sud-africains – tels que la saxophoniste Linda Silkhakhane, le trompettiste Robin Fassie Kock, le vibraphoniste Dylan Tabisher, le bassiste Stephen de Souza, le percussionniste Gontse Makhene, le batteur Dane Paris et les chanteuses Omagugu et Anna Widauer – ainsi que le saxophoniste afro-américain Jaleel Shaw, le pianiste s’est inspiré des pratiques et les expériences de l’Afrique pré-coloniale pour concevoir de nouvelles façons de soigner, de ressentir et d’exister.

L’Afrique et les États-Unis, une longue histoire d’échanges dans le jazz

Le titre déjà disponible «Senze’Nina» en est le parfait exemple. Nduduzo Makhathini s’y réapproprie un chant de protestation anti-apartheid pour parler de «la reconstruction d’un homme, plus doux et sensible et aligné sur le Ntu». L’Afrique et les États-Unis ont eu une longue histoire d’échanges musicaux dans le jazz avec des légendes américaines telles qu’Art Blakey. Ces musiciens, s’inspirant de l’Afrique, ont à leur tour influencé les pionniers du jazz sud-africain comme ‘The Jazz Epistles’ au plus fort du régime de l’apartheid dans les années 1960.

Vignikpo Akpéné

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