Abidjan (©2024Afriquinfos)- L’affaire Baltasar Ebang Engonga (Directeur de l’ANIF-Agence nationale d’investigations financières de la Guinée équatoriale) résonne bien au-delà des frontières de la Guinée équatoriale et de l’Afrique centrale via les réseaux sociaux. Ce n’est pas seulement un scandale local, mais un drame humain qui interroge notre société contemporaine sur la nature de ses choix.
Comment Baltasar Ebang Engonga, l’officiel au centre de ce scandale sexuel, a-t-il pu sacrifier sa dignité, celle de sa famille sur le plateau de plaisirs corporels? Les conséquences de ses actes ne se limitent pas à sa propre vie, mais touchent un réseau de familles, d’amis, et de collègues, tous soumis dorénavant au jugement du grand public et aux interprétations malveillantes.
Dans un monde connecté où chaque geste de son semblable peut être capté et partagé, Baltasar Ebang Engonga a mis en péril sa réputation, celle de sa famille mais aussi celle de ces femmes qui apparaissent sur les nombreuses vidéos objet d’un grand scandale à connotation étatique et diplomatique.
Dans une société patriarcale et phallocrate déjà très rigide vis-à-vis des femmes, ce scandale vient jeter de l’huile sur le feu. Propos misogynes, sexistes et machistes sont proférés depuis plusieurs jours à l’encontre des partenaires sexuels du sieur Baltasar. Les responsabilités ne sont plus subitement partagées. Sur les mêmes réseaux sociaux, des femmes sont condamnées et Baltasar est loué pour ses « performances ou prouesses sexuelles ». Pourtant, au moins 400 vidéos dévoilant l’intimité de cet officiel africain et de ses multiples partenaires sont indexées !
Repenser le vivre ensemble-contemporain, en Afrique comme ailleurs
L’affaire Baltasar Ebang Engonga révèle un mal bien plus profond. En effet, si le concept de l’égalité des genres est prôné çà et là, la réalité est autre. Sur les réseaux sociaux, certains internautes tirent leurs conclusions, sur un ton sentencieux : «La fidélité de la femme n’est qu’une illusion. Elle n’existe pas. Face à l’argent, les femmes renient leurs valeurs morales. Elles espèrent rencontrer des hommes nantis même étant mariées », a défendu l’internaute Iverson Cleverley. Les propos de ce dernier résument des points de vue récurrents sur ce sujet sensible ces derniers jours.
Par ailleurs, l’épouse de Baltasar Ebang Engonga, victime malgré elle de cette situation malencontreuse, se retrouve au centre d’une kyrielle d’insultes gratuites résumées l’artiste camerounaise Gaimona. «La femme de Baltasar doit demander pardon à son mari. Si elle était une bonne femme, son mari ne l’aurait pas trompée. Elle doit rester dans son foyer, prendre soin de ses enfants et son mari». Des mots durs qui crucifient toute âme sensible. Avec des descriptions osées. Du genre «les partenaires sexuels de Baltasar lui ont posé un pistolet sur la tempe afin de s’adonner à ces parties de sexe. Et lui, étant un homme doté de toutes ses facultés, ne pouvait pas bien évidement résister aux provocations de ces dames aux mœurs légères» !
Des clichés qui consolident la prédominance du sexe masculin sur le monde contemporain. Et tendent à systématiser l’idée selon laquelle, en Afrique, naître femme se révèle être une malédiction. Heureusement que ce ne sont que des clichés.
Victorine LENGA