Ouverture de l’AFIS 2023 à Lomé et défis financiers: L’Afrique doit prendre sa juste place sur l’échelle géostratégique mondiale (Faure Gnassingbé)

Afriquinfos Editeur
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Lomé  (© 2023 Afriquinfos)- «Construire une industrie financière africaine de classe mondiale: une opportunité à 1.500 milliards de dollars»: c’est le thème autour duquel sont réunis depuis ce 15 novembre à Lomé (Togo) environ 1.000 leaders, professionnels, décideurs politiques et régulateurs de l’industrie financière pour 48h de travaux dans le cadre de l’AFIS 2023 (African financial industry Summit). Ouverts par le Président togolais Faure E. Gnassingbé, les échanges de ce Sommet se veulent disruptifs pour poser davantage les bases d’une industrie financière africaine de classe mondiale avec ses propres spécificités pour répondre aux besoins pressants des populations d’Afrique.

Deux principales allocutions ont marqué l’ouverture de l’AFIS 2023. Elles ont convié la grande communauté financière africaine à miser un peu plus sur l’innovation.

«La thématique de l’AFIS 2022 faisait une part belle aux crises et à leur gestion, celle de 2023 laisse place à des opportunités à explorer, à un regain d’optimisme sur le continent. Les prix des produits de base se détendent dans le monde, avec une nette amélioration de l’inflation dans le monde comme dans l’UEMOA (…) Notre tissu industriel en Afrique est plus dynamique plus que jamais, avec un rebond de croissance de 4% en 2023. Notre pacte historique à créer est axé sur le secteur financier», a mis en valeur Faure Gnassingbé en ouvrant les travaux de l’AFIS 2023.

«D’ici 2025, le financement des économies africaines devrait davantage croître, grâce aux fintechs du continent. L’avenir semble prometteur, mais un sentiment pessimiste perdure au sujet du continent africain (…) Les notations souveraines tendent à être sévères à l’égard des pays africains. Historiquement, l’Afrique a toujours été contrainte de payer des taux d’intérêts plus élevés en matière de dette (….) Le secteur privé est appelé à jouer un rôle crucial dans le développement des pays africains. 80% des financements devront être fournis par le secteur privé, car les flux bilatéraux nets vers l’Afrique ont baissé de 7% ces dernières années. Il incombe aux États de rassurer le secteur privé, en étant à leur écoute. En assurant la sécurité des Etats et des peuples», a encore poursuivi le Président togolais en dénonçant des incohérences criardes qui perdurent sur le marché financier international.

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«Les investisseurs font souvent état d’un manque de pipeline de projets dans nos pays, mais nous avons élaboré dans nos Etats des visions stratégiques à moyen et long termes. L’Afrique a entrepris de réécrire son narratif pour une autonomie stratégique panafricaine (…) L’Afrique doit prendre sa juste place sur l’échelle géostratégique mondiale», a encore mobilisé Faure Gnassingbé.

«AFIS s’inscrit dans le prolongement des recommandations des Assemblées annuelles 2023 du Groupe de la Banque mondiale tenues à Marrakech (…) Nous avons fait du financement dans les PME-PMI en Afrique une priorité absolue. Au cours de notre dernier exercice budgétaire, nous avons ainsi investi 2 milliards de dollars en faveur des petites entreprises en Afrique», a fait remarquer pour sa part Sergio Pimenta (vice-président de la SFI-Société financière internationale- pour l’Afrique).

«65 millions de dollars ont été investis au Togo ces 5 dernières années avec le concours de nos partenaires financiers, pour accompagner les entrepreneurs dans le développement de leurs activités. C’est le cas de ZENER, dont nous avons accompagné l’essor. Nous avons aussi accompagné le financement du commerce continental, avec une vision d’aider tous les acteurs du secteur économique africain.

Le commerce au sein de la CEDEAO pourrait augmenter de 8 à 16% (soit de 13 à 26 milliards de dollars par an) si les acteurs financiers parvenaient à répondre à la demande en financement du commerce (…)», a encore mis en exergue S. Pimenta.

Avant de convier l’écosystème de la finance internationale à miser encore plus sur la finance-climat en Afrique au cours des prochains mois et années: «Les flux financiers autour de l’adaptation climatique doivent bénéficier de davantage de financements pour encourager la transition climatique pour aider en gros le continent à saisir les opportunités de développement de l’Afrique (…) La COP28 doit permettre de renforcer le climat en Afrique, en mettant en œuvre plusieurs instruments verts. Il faut développer la chaîne de valeur indispensable vers des transitions vertes».

Harmonisation de la régulation de la finance des différentes sous-régions du continent, prime de risque africaine, nécessaire mutation digitale de la finance sur le continent noir, finance-climat, titrisation, tokenisation, etc. constituent le large spectre des sujets abordés par AFIS 2023.

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