Les Gabonais clament toujours justice pour leur jeune compatriote Dina Ibouanga décédée en Turquie en mars 2023

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Karabük (© 2023 Afriquinfos)- Plus de 8 mois après qu’elle ait été retrouvée morte près de l’Université de Karakük en Turquie, les proches de Jeannah Danys Dinabongho Ibouanga, dite Dina, réclament toujours justice. Si un procès s’est ouvert ce 8 novembre, avec dans le box des accusés le seul suspect interpellé par la police turque, des zones d’ombre subsistent autour de la mort de la jeune étudiante en ingénierie mécanique.

Le corps de Jeannah Danys Dinabongho Ibouanga, dite « Dina », 17 ans, avait été retrouvé le 26 mars dans une rivière à proximité de l’université turque de Karabük où elle étudiait le génie mécanique. La vive émotion suscitée autant au Gabon qu’en Turquie par le décès de la jeune fille, avait contraint les autorités turques à revoir leur copie. Elles avaient conclu dans un premier temps à une mort accidentelle par noyade.

Une conclusion rejetée ses proches mais aussi un collectif, «les Féministes pour Dina». Ces militantes, qui ont tenu une conférence de presse à Istanbul, estiment que Dina a été victime du « racisme qui fait de tous les réfugiés et immigrés des cibles » et rejettent le qualificatif de « mort suspecte » retenu par les autorités.

« Nous réclamons une enquête transparente et appelons les ONG à conduire leurs propres investigations sur le terrain à Karabük« . « Nous avons rencontré le procureur (…) mais nous n’avons pas pu avoir accès aux témoignages recueillis ni au rapport d’autopsie« , a-t-elle regretté, dénonçant la « confidentialité » qui entoure le dossier.

L’opacité qui entoure le dossier inquiète les proches de Dina au Gabon notamment sa mère Jessica Sandra Makemba Panga:« Le Gouvernement turc sait que l’enfant a été assassinée: je ne sais pas pourquoi ça traîne »« La Turquie doit prendre ses responsabilités: c’est un grand pays, capable de découvrir la vérité mais ils ne veulent pas le faire« , a-t-elle accusé. « Dina a été assassinée, ils doivent trouver le coupable« , a-t-elle répété, soulignant que « Dina était (sa) seule fille: je l’avais envoyée pour ses études » en Turquie.

Des questions qui devraient trouver des réponses au cours du procès qui s’est ouvert ce mercredi 8 novembre à Karabük, dans le nord de la Turquie ou pas.

Seul un homme de 55 ans comparaît alors que plusieurs arrestations avaient eu lieu. Des images de vidéosurveillance ont montré Dina sauter du véhicule du suspect, puis par-dessus un grillage près de la rivière dans laquelle son corps a été retrouvé.

Le quinquagénaire clame son innocence depuis son arrestation indiquant avoir voulu aider une jeune fille en détresse. Dina avait en effet fui sa résidence pieds nus. Sa mère insiste: «Les agents des PTT qui harcelaient l’enfant, on ne les mentionne pas dans l’acte d’accusation, et ceux qui poursuivaient l’enfant, ceux-là on n’a pas leur identité. Il y a des caméras partout, un témoin qui dit qu’il a vu des gens poursuivre Dina. Ils doivent nous montrer réellement que ce n’est pas du racisme. Ça s’est passé dans leur pays, ils savent». Une prochaine audience est prévue pour le 24 janvier 2024 avec un début de réponse sur ce qui est réellement arrivé à Dina ou pas.

S. B.