Un Togolais parmi les lauréats 2023 du Comité pour la protection des journalistes

Afriquinfos Editeur
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New York  (© 2023 Afriquinfos)-D’éminents défenseurs des médias seront récompensés lors de la remise du Prix international de la liberté de la presse 2023.  Le Comité pour la protection des journalistes rendra hommage à quatre journalistes extraordinaires de Géorgie, d’Inde, du Mexique et du Togo en leur décernant le Prix international de la liberté de la presse 2023.

Parmi les lauréats 2023 du CPJ, figure le journaliste togolais Ferdinand Ayité. Ce dernier dirige L’Alternative, l’un des principaux médias d’investigation du Togo, connu pour ses reportages courageux sur la corruption présumée du régime du président Faure Gnassingbé et les manifestations à son encontre. Face aux menaces et au harcèlement juridique constants, Ayité et le rédacteur en chef de L’Alternative, Isidore Kouwonou, ont fui le Togo en mars 2023, quelques jours avant d’être condamnés à trois ans de prison pour outrage à l’autorité et propagation de fausses informations.

Ayité est membre de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project et a collaboré à l’enquête sur les Panama Papers en 2016, en mettant l’accent sur les stratagèmes d’évasion fiscale des entreprises indiennes basées au Togo. Son numéro de téléphone figurait également sur la liste des journalistes du projet Pegasus prétendument sélectionnés pour faire l’objet d’une surveillance potentielle par des logiciels espions.

Les trois autres lauréats sont :

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-Shahina K.K. (Inde),Rédactrice en chef du magazine Outlook, Shahina est une journaliste indienne chevronnée, qui couvre l’actualité liée au genre, aux droits de l’homme et aux communautés marginalisées. Elle a été l’une des premières journalistes du pays à être inculpée en vertu d’une loi antiterroriste draconienne utilisée comme arme contre les journalistes dans le pays pendant plus d’une décennie.

– Nika Gvaramia (Géorgie) : Gvaramia est le fondateur et directeur de la chaîne indépendante Mtavari Arkhi (Chaîne principale), fondée en 2019. Gvaramia, qui travaille dans le journalisme depuis 2012, a précédemment occupé des postes gouvernementaux et a fait partie de l’équipe juridique représentant le chef de l’opposition et ancien président Mikheil Saakashvili.

– María Teresa Montaño (Mexique) : Montaño est une éminente journaliste d’investigation et fondatrice et rédactrice en chef du média d’investigation The Observer. Dans le cadre de son travail journalistique, elle enquête sur la corruption, la transparence, la violence sexiste et l’obligation de rendre compte. Ses reportages ont conduit à des menaces, à une surveillance et à un harcèlement de la part des autorités nationales et locales. En 2021, en représailles à ses reportages, elle a été enlevée par trois hommes qui l’ont menacé avec une arme et lui ont volé ses dossiers sur une enquête de corruption impliquant des représentants de l’État.

En dépit d’un fort recul de la liberté de la presse dans le monde, les lauréats de cette année ont continué à couvrir l’actualité malgré les mesures de répression prises par les gouvernements, les enlèvements, l’exil et la criminalisation croissante de leur travail, défendant ainsi l’importance des reportages indépendants en cette période critique.

«Les attaques contre la presse sont de plus en plus fréquentes, mais les journalistes continuent de redoubler d’efforts pour couvrir les questions essentielles qui nous donnent à tous les moyens d’agir», a déclaré la présidente du CPJ, Jodie Ginsberg.

«Nous avons l’honneur de récompenser les lauréats de cette année : des journalistes formidables qui travaillent sans relâche pour dénoncer la corruption, les abus et les actes répréhensibles malgré les efforts considérables déployés pour les réduire au silence».

Le CPJ rendra également hommage à Alberto Ibargüen, président de la Fondation John S. et James L. Knight, en lui décernant le Prix Gwen Ifill pour la liberté de la presse 2023, un prix décerné chaque année par le conseil d’administration du CPJ en reconnaissance de l’engagement extraordinaire et durable d’une personne en faveur de la liberté de la presse.

Le Comité pour la protection des journalistes est une organisation indépendante à but non lucratif qui promeut la liberté de la presse dans le monde entier. Il défend le droit des journalistes à couvrir l’actualité en toute sécurité et sans crainte de représailles.

V. A.