Quatre jours après des inondations meurtrières dans l’est de la République démocratique du Congo, familles et secouristes ont continué ce 08 mai de fouiller les décombres à la recherche de disparus, a constaté une équipe de l’AFP.
Le bilan provisoire d’environ 400 morts avancé dimanche par l’administrateur du territoire de Kalehe, dans la province du Sud-Kivu, où se trouvent les villages sinistrés, a été confirmé lundi 8 mai par le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya. Lors d’un point de presse hebdomadaire, M. Muyaya a parlé de 401 morts mais n’a pu préciser le nombre de disparus qui, selon les autorités locales, se comptent en centaines.
Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a de son côté estimé à près de 3.000 le nombre de familles sans abri. « J’ai perdu douze membres de ma famille, j’ai enterré jusqu’à présent cinq dépouilles et sept autres sont introuvables », déclare à l’AFP un sinistré, Alpha Safari, dans le village de Bushushu. « Je les cherche, j’espère trouver les corps pour les enterrer dignement », ajoute-t-il.
Autour de lui, la boue qui a dévalé la colline jeudi soir et englouti une partie du village, emportant maisons et habitants jusque dans le lac Kivu tout proche, sèche peu à peu. Des jeunes creusent le sol. L’un d’eux se couvre le nez. Un corps est enseveli à cet endroit. « Les recherches vont se poursuivre, car il y a énormément de corps dans les décombres », assure sous couvert d’anonymat un membre de la Croix-Rouge.
« Chaque fois qu’on arrive à démolir une maison, on y retrouve des corps », ajoute-t-il, en déplorant de ne pas avoir les équipements nécessaires pour faire ce travail. « Nous étions sept enfants dans la famille, mais je reste seul. Mon père et ma mère sont aussi partis et tous les petits frères », se désespère à Bushushu un autre rescapé, Darcein Bikanaba. « Nous n’avons eu aucune assistance jusqu’à présent… Nous ne pouvons pas rester ici, c’est très dangereux », déclare-t-il.
Le bureau OCHA a détaillé dans un communiqué « les besoins immédiats » : « des fournitures pour garantir des enterrements dignes et sécurisés, des soins médicaux pour les sinistrés et les blessés, de l’aide alimentaire pour tous les sinistrés et des abris pour les personnes qui ont perdu leur maison et qui vivent dans des lieux publics ».
« Les agences des Nations unies et des ONG nationales et internationales ont activé leurs équipes d’urgence », a assuré le bureau de coordination humanitaire. De telles catastrophes révèlent « la nécessité pour les autorités de travailler sur un plan national d’aménagement du territoire, avec un accent particulier sur les risques d’inondations dans certains endroits du pays », a de son côté estimé Greenpeace Afrique.
Selon l’ONG de défense de l’environnement, « ces inondations sont l’un des signes forts que le changement climatique est une réalité et nécessite une action urgente des dirigeants du monde ».