10e édition des ATDA: Confiance et souveraineté numériques, un enjeu crucial pour le développement des TIC en Afrique

Afriquinfos Editeur
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Casablanca (© 2021 Afriquinfos)- Les 25 et 26 novembre 2021, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a accueilli la 10e édition des Assises de la Transformation digitale en Afrique (ATDA). Depuis 10 ans, cet événement est l’occasion d’évoquer la transformation digitale qui prend corps sur le continent africain, et ainsi d’ériger le numérique en véritable levier du développement économique et social.

Sous le thème «Déployer une infrastructure résiliente, souveraine et durable pour favoriser l’innovation africaine», les ATDA 2021 ont confirmé l’importance croissante de la digitalisation dans de nombreux secteurs d’activité, notamment sous le prisme de la pandémie de la Covid-19, celle-ci ayant imposé la mutation des offres tout en bousculant profondément les modes de consommation. La question du cloud a notamment été mise à l’honneur lors de cette 10e édition.

L’Afrique connaît depuis 15 ans des avancées considérables en matière de transformation numérique. La crise de la Covid-19 a bouleversé les économies tout en accélérant le développement du digital. Internet a par exemple connu une forte croissance d’utilisation, passant ainsi de 47% en décembre 2019 à 56% en décembre 2020, en Afrique de l’Ouest seulement. Ceci atteste notamment de la place désormais cruciale qu’ont prise les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) durant cette période, ces dernières s’élevant comme un pilier essentiel de la stabilité socio-économique et du développement du continent.

Or, le déploiement d’une économie digitale repose sur le développement de la confiance numérique, celle-ci étant considérée comme une composante de la souveraineté numérique. Problématique plus que jamais d’actualité, les ATDA 2021 ont fait de ce débat le thème phare de leur 10e édition, la question des infrastructures y occupant une place centrale. Enjeux décisifs pour le développement du numérique, les infrastructures sont, en effet, un pilier indispensable et une condition sine qua non pour que l’Afrique accède, par la maîtrise et la protection de ses données, à l’indépendance technologique et numérique, garante de la souveraineté étatique.

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Le cloud, un levier de la 4e révolution industrielle

En tant que technologie de l’hébergement des données, le cloud est l’un des piliers de la transformation digitale et est au cœur de la souveraineté numérique des États en Afrique. Ainsi, lors de cette 10e édition des ATDA, Mounir Soussi, Vice-Président Cloud & IA de Huawei Northern Africa, s’est exprimé sur la thématique, «Le développement de l’innovation souveraine: quid d’un cloud souverain et de la cybersécurité ?», dont les enjeux sont au cœur de l’actualité du continent.

Le continent africain est aujourd’hui à l’aube d’une quatrième transformation industrielle, où la technologie, la donnée, et l’intelligence autour de la donnée et de la technologie prennent une place prépondérante et centrale. En effet, pour Mounir Soussi, «le cloud, l’intelligence artificielle (IA) et la donnée constituent un trio qui va permettre aux gouvernements et entreprises d’offrir le meilleur des services à leurs clients et citoyens».

Bien que la révolution soit déjà à l’œuvre dans certains secteurs d’activité (exemple du mobile banking, du mobile money, de l’industrie 4.0, des nouvelles firmes de transport et de sécurité pour les services gouvernementaux), le trio susmentionné est grandement susceptible de modifier davantage en profondeur les modes de consommation ainsi que la mutation des offres et des services dans les années à venir.

Cependant, le cloud requiert des infrastructures, notamment dans la construction de Data centers. Or, les investissements en cloud et Data centers représentent aujourd’hui moins de 2% des investissements en Afrique, alors qu’ils sont un pilier pour la distribution des services. Concernant le nombre de centres de données, ces derniers s’évaluaient à une petite centaine en Afrique, soit moins de 1,3% des sites mondiaux en 2020.

La plupart des données des pays africains sont majoritairement hébergées par des centres de stockage d’informations situés à l’étranger, ceci constituant dès lors un frein à la souveraineté numérique du continent. Pour Mounir Soussi, Vice-Président Cloud & IA Huawei Afrique, «bien que nous soyons à l’aube d’une véritable révolution de nos économies, il est dommage de constater que les investissements ne suivent pas, notamment dans le cloud, et plus particulièrement dans le cloud souverain».

Pour rappel, le retard de l’Afrique dans les technologies cloud ne doit pas être considéré comme un problème purement africain. Bien au contraire, il s’agit d’un problème mondial. L’Europe semble également pâtir d’un manque de souveraineté numérique, d’où le lancement du projet GAIA-X le 4 juin 2020. Celui-ci s’inscrit précisément dans un objectif de rattrapage du retard en matière du développement d’une infrastructure de données.

Le cloud, opportunité de croissance pour l’économie du continent africain

D’après les statistiques dévoilées par Gartner et IDC3, 100% des entreprises adopteront le cloud d’ici à 2025, 80% des applications développées dans les prochaines années naîtront dans le cloud et 97% des entreprises auront recourt à l’IA dans les quatre à cinq ans afin de prendre des décisions business. La quatrième révolution industrielle qui se dessine semble ainsi pleine d’opportunités pour le continent africain, en matière de cloud et de souveraineté.

Pour Huawei, le cloud est triple: le Groupe perçoit en effet un cloud sécuritaire, un cloud gouvernemental ainsi qu’un un cloud commercial. L’équipementier milite ainsi pour l’usage du cloud souverain au niveau gouvernemental et le cloud hybride pour les entreprises de toute taille. Pour bâtir des clouds souverains en partenariat avec des gouvernements africains, Huawei propose notamment une alternative aux modèles clouds commerciaux existants. Cette approche semble particulièrement satisfaire les clients du groupe puisque sur les deux dernières années, l’offre cloud a enregistré la croissance la plus importante du marché du cloud mondial, avec une augmentation de plus de 200%.

Lors de son allocution, Mounir Soussi a assuré que l’Afrique disposait du potentiel nécessaire pour réaliser un véritable décollage de l’industrie cloud. En effet, les pays africains connaissent depuis plusieurs années une adoption de plus en plus rapide des TIC et du digital. Ces derniers constituent une opportunité majeure de croissance et de développement puisque tous les secteurs – agriculture, commerce, industrie, etc. – sont concernés par la diffusion de ces usages. Sur le continent, Huawei se veut plus qu’un acteur économique majeur: le groupe souhaite s’engager dans un processus constant d’innovation et aider ses clients et partenaires à réaliser leur plein potentiel.

La confiance et la souveraineté numériques ont besoin de talents locaux pour s’affirmer et ainsi faire face aux nouveaux enjeux liés à la protection des données et à la cybersécurité. Or, le capital humain de l’Afrique est l’un de ses principaux atouts: 60% de la population a moins de 24 ans aujourd’hui, et la moitié des habitants aura moins de 25 ans d’ici à 2050, selon les projections des Nations Unies.

En tant que leader dans le secteur des nouvelles technologies, Huawei considère avoir une responsabilité sociale, notamment en participant à la formation et au développement des compétences locales, comme en témoigne la Huawei ICT Academy. Par ailleurs, comme l’a rappelé Mounir Soussi durant la 10e édition des ATDA, «cette responsabilité sociale s’inscrit dans la volonté de l’entreprise de promouvoir une collaboration entre les secteurs publics et privés afin de faire émerger le plein potentiel de l’Afrique».

En effet, «nous croyons fermement que les contraintes liées à la mise en place du cloud seront résolues grâce au développement d’un écosystème de partenariats souverains locaux. En revanche, il est aux nations, aux entreprises et aux gouvernements de bâtir leurs propres lois, les bons usages en matière de régulation et la meilleure façon d’opérer sur ces plateformes», a averti Mounir Soussi.

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