Au moins 98 personnes ont été tuées et 92 blessées dans l’explosion d’un camion-citerne vendredi soir dans la zone industrielle de Freetown, capitale de la Sierra Léone, a annoncé samedi soir l’Agence nationale de gestion des catastrophes (NDMA).
« Les données fournies jusqu’à présent indiquent qu’au total 98 décès ont été enregistrés et 92 survivants sont actuellement admis dans divers hôpitaux de Freetown », indique la NDMA dans un communiqué. Un précédent bilan, annoncé par le vice-président de ce pays d’Afrique de l’Ouest, Mohamed Juldeh Jalloh, faisait état de 92 morts et de « 88 personnes gravement brûlées » admises en soins intensifs.
Selon des témoins, le camion-citerne a explosé dans une station-service après avoir été percuté par un autre poids-lourds. Le feu s’est ensuite propagé au quartier alentour. Contrairement à ce qu’avait indiqué initialement un secouriste à l’AFP, un dépôt de carburant situé près de l’accident n’a pas explosé, a constaté un journaliste de l’AFP.
La majorité des victimes sont des vendeurs ambulants et des motocyclistes piégés par les flammes alors qu’ils tentaient de récupérer le carburant s’échappant du camion-citerne, a raconté à l’AFP un témoin et secouriste volontaire, Jusu Jacka Yorma.
Un infirmier d’un hôpital où des victimes ont été évacuées a confirmé à l’AFP avoir reçu beaucoup de femmes, hommes et enfants avec « de graves blessures ». Plusieurs corps calcinés ont été découverts dans des carcasses de voitures encore fumantes sur le lieu de l’explosion et dans les rues adjacentes. Samedi matin, alors que les opérations de secours se poursuivaient sous la supervision des forces de l’ordre, de nombreux habitants se sont précipités sur le lieu du drame à la recherche de proches, a constaté un correspondant de l’AFP.
– Images « déchirantes » –
Dans un message posté samedi sur Twitter, le président sierra-léonais Julius Maada Bio s’est dit « profondément bouleversé par l’incendie tragique et les horribles pertes en vies humaines ».
« Je tiens à exprimer ma profonde sympathie aux familles qui ont perdu des êtres chers et à ceux qui ont été mutilés », a-t-il ajouté, assurant que son gouvernement « fera tout pour soutenir les familles touchées ». Le bureau de l’ONU en Sierra Leone a assuré qu’en tant que partenaire du pays, il « surveille de près la situation et se tient prête à activer la réponse nécessaire » pour aider le gouvernement.
De son côté, la maire de Freetown, Yvonne Aki-Sawyerr, s’est dit dans un communiqué publié sur Facebook « profondément attristée ». « Les vidéo et photos qui circulent sur les réseaux sociaux sont déchirantes », a ajouté Mme Aki-Sawyerr, qui a regretté de ne pouvoir se rendre sur place car elle était en déplacement à l’étranger. La Sierra Leone, ancienne colonie britannique de 7,5 millions d’habitants, est un des pays les plus pauvres de la planète malgré un sol regorgeant de diamants.
Son économie, gangrenée par la corruption, a été dévastée par une guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts. Elle reste également fragile après l’épidémie d’Ebola qui a ravagé le pays en 2014-2016, la chute des cours mondiaux des matières premières et la pandémie de la Covid-19.
Des accidents de ce genre sont courants en Afrique. En juillet, au Kenya, 13 personnes ont été tuées et d’autres gravement brûlées lorsqu’une « énorme boule de feu » a englouti des personnes siphonnant le carburant d’un camion-citerne renversé, quand celui-ci s’est embrasé.
En 2019, une centaine de personnes ont été tuées dans une tragédie similaire lorsqu’un camion-citerne a explosé en Tanzanie, et en 2015, plus de 200 personnes ont péri dans un autre accident du même genre au Soudan du Sud.