Genève (© 2021 Afriquinfos)- La réforme de l’OMS et de sa capacité à coordonner la réponse aux crises sanitaires mondiales et prévenir de futures épidémies : c’est l’objectif principal de l’Assemblée mondiale de la santé qui se tient du 24 mai au 1er juin 2021.
Trois jours après le Sommet mondial de la santé, la 74e Assemblée mondiale de la santé s’est ouverte, alors que la communauté internationale s’efforce d’accélérer la vaccination des pays pauvres, très en retard, pour éradiquer la pandémie qui fait toujours rage, et relancer l’économie mondiale.
La réunion qui se tient en visio-conférence connaît la participation des 194 membres de l’ONU, le Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, plusieurs chefs d’Etats, dont le président français Emmanuel Macron, et de gouvernements. Plusieurs pays, en particulier européens, réclament une organisation plus puissante, capable de mener des enquêtes indépendantes et mieux dotée financièrement, alors que seulement 16% de son budget provient des cotisations obligatoires des Etats. Malgré le sentiment d’urgence, certains craignent que les résultats de la réunion soient insignifiants, en raison des désaccords entre pays, notamment sur la question des pouvoirs à conférer à l’OMS.
«Cela n’est pas quelque chose de facile à accepter pour de nombreux Etats, car la souveraineté n’est pas une chose avec laquelle on peut jouer facilement», relève Gian Luca Burci, professeur de droit international au Graduate Institute à Genève.
L’urgence d’effectuer de vastes réformes
Plusieurs rapports d’experts mandatés par l’OMS réclament de vastes réformes des systèmes d’alerte et de prévention pour éviter un autre fiasco sanitaire, alors que trop de pays ne disposent toujours pas des capacités de santé publique nécessaires pour protéger leurs propres populations et pour alerter en temps utile la communauté internationale (et l’OMS) sur d’éventuels risques sanitaires.
Ces rapports demandent aussi que l’OMS puisse enquêter sur le terrain en cas de crise sans attendre le feu vert des pays, mais cette proposition risque de se heurter aux susceptibilités de certains Etats. L’OMS ne peut pour l’instant enquêter de son propre chef dans un pays. Il lui aura fallu plusieurs mois de discussions avec la Chine pour qu’une équipe de scientifiques indépendants, mandatée par l’organisation onusienne, puisse se rendre sur place pour étudier l’origine du coronavirus.
Un des rapports demande que l’autorité du chef de l’OMS soit renforcée par un mandat unique de sept ans, sans possibilité de réélection (contre un mandat actuel de 5 ans reconductible), afin qu’il échappe aux pressions politiques. Le projet de résolution sur le renforcement de l’OMS, qui devrait être approuvé, demande de son côté la création d’un Groupe de travail chargé d’étudier l’ensemble des propositions des experts puis de faire, à son tour, des recommandations pour la prochaine assemblée. Le texte appelle aussi le chef de l’OMS à faire des propositions pour améliorer le système d’alerte sanitaire, à travers notamment un éventuel dispositif régional.
Il envisage également le lancement d’un projet pilote du mécanisme d’évaluation du niveau de préparation aux pandémies de chaque Etat par ses pairs, comme au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Seuls les pays qui le souhaitent, comme la France, participeraient à la phase test.
Lors de l’assemblée, les pays devraient par ailleurs décider ou pas de lancer des négociations sur un traité sur les pandémies, destiné à mieux affronter les futures crises et éviter le chacun pour soi mis en lumière par la Covid-19.
L’inégalité vaccinale, source de tensions
La question de l’inégalité vaccinale accroît les tensions. Elle devrait être débattue ainsi que la question de l’accès aux médicaments par les membres de l’OMS.
Lors du Sommet mondial de la santé qui s’est tenu par visioconférence à Rome vendredi 21 mai, les dirigeants du G20 ont appelé à une plus grande solidarité dans la lutte contre le Covid-19 en réduisant la fracture vaccinale qui ne cesse de se creuser entre les pays riches et les autres. «Donnons un coup d’accélérateur à la campagne de vaccination des pays à revenu faible et intermédiaire avec des actions pratiques et mesurables», a plaidé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Vignikpo A.