Sahel: L’aide française au développement a trop lentement progressé au Sahel selon un Rapport officiel

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2021 Afriquinfos)- L’aide française au développement dans le Sahel a progressé plus lentement ces dernières années que les dépenses militaires de Paris dans cette région. Les actions civiles et militaires de la France dans les pays du G5 Sahel ont pris le dessus sur l’aide publique au développement. C’est ce que révèle la Cour française des comptes dans un référé intitulé : « Les actions civiles et militaires de la France dans les pays du G5 Sahel », adressé le 9 février au Premier ministre français.

 Rendu public le 22 avril 2021,  le document avance les chiffres du Programme des Nations unies pour le développement qui indiquent clairement que l’espace sahélien est l’une des régions du monde les plus déshéritées où règnent les taux de fécondité les plus élevés.

Selon la Cour des comptes, les fonds à l’aide au développement ne manquent pas. Elle conclut donc à des lacunes dans le suivi de l’aide au développement au Sahel et les actions de sécurité et celles de développement qui souffrent d’un manque de coordination.

En effet, les sages soulignent que l’insécurité, constitue toujours une entrave majeure au développement des pays du G5. Pour ces derniers, il n’y a pas non plus de sécurité pérenne sans développement économique, social et institutionnel, et l’action militaire contre les groupes armés ne suffira pas à garantir à elle seule les conditions d’une vie digne des populations.

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La Cour des comptes plaide donc pour que cela se traduise dans l’organisation de la réponse française et appelle ainsi à un bilan d’étape de l’opération militaire Barkhane pour laquelle la France consacre annuellement un milliard d’euros.

Des dépenses militaires priorisées inutilement au détriment du développement ?

« La France a déclaré l’espace sahélien, l’une des régions du monde les plus déshéritées, prioritaire pour l’aide au développement », où  » les dépenses françaises ont plus que doublé, passant de 580 millions d’euros à 1,35 milliard entre 2012 et 2018. Mais la majorité de ces montants est utilisée à des fin militaires », et non pour améliorer notablement le quotidien des populations souligne la Cour.

« Les dépenses de l’aide publique française au développement (APD) n’ont pas suivi la même progression et la priorité affichée en faveur de la zone Sahel ne s’est pas traduite dans les faits », poursuit l’institution en rappelant que « les cinq Etats sahéliens représentaient en 2018 10% de l’APD française en Afrique et le Mali 2,5%, des proportions inchangées par rapport à 2013 ».

La Cour note cependant que la décision française de « porter en 2022 l’effort français d’APD à 0,55% du revenu national brut et de concentrer la moitié des dons de l’État et les deux-tiers des subventions de l’AFD sur 19 pays prioritaires devraient commencer à se ressentir dans les Etats du G5 ». Elle recommande d’ailleurs un renforcement des actions de sécurité et de développement de la France dans la région.

La Cour rappelle qu' »entre 2014 et 2020, le nombre des militaires français présents est passé de 4.000 à 5.100″ et que le montant annuel de dépenses liées aux opérations militaires dans la bande saharo-sahélienne atteint aujourd’hui  » l’ordre d’un milliard d’euros ».

Un échec prévisible de la force Serval ?

« Le commandement de la force (antijihadiste) Barkhane a défini une stratégie de stabilisation par zone », or « en 2018 et en 2019, la dégradation de la sécurité (…) n’a pas permis que la stratégie de stabilisation se déroule ainsi qu’elle avait été programmée », poursuit le rapport.

« L’extension par rapport à l’opération Serval et la diversification des objectifs ne rassurent pas sur un terme satisfaisant de l’opération, pour la France et pour les Etats du G5 Sahel », suggère la Cour.

Innocente Nice