Vers un nouveau renvoi de diplomates algériens par Paris en riposte à Alger

Afriquinfos Editeur
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Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le 12 mai 2025 à Pont-L'Evêque.

La France a convoqué le Chargé d’affaires algérien à Paris pour dénoncer la décision « injustifiée et injustifiable » d’Alger d’expulser des fonctionnaires français et lui indiquer que Paris allait riposter en renvoyant des diplomates algériens, a annoncé mercredi, 14 mai 2025, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

« Notre réponse est immédiate, elle est ferme et elle est strictement proportionnée à ce stade, avec la même demande, c’est-à-dire le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n’auraient pas actuellement de visa », a affirmé le ministre sur la chaîne BFMTV, sans préciser leur nombre. Le Chargé d’affaires algérien a été convoqué mardi, 13 mai, selon le Quai d’Orsay. « Nous lui avons fait savoir également que nous nous réservons la possibilité de prendre d’autres mesures en fonction de l’évolution de la situation », a ajouté M. Barrot.

Photo diffusée par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montrant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (g) reçu par le Président algérien Abdelmajid Tebboune, le 6 avril 2025 à Alger.

« Les Algériens ont souhaité renvoyer nos agents. Nous renvoyons les leurs », a-t-il encore noté. L’Algérie avait convoqué dimanche le Chargé d’affaires de l’Ambassade de France à Alger pour lui notifier de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien qui étaient en mission de renfort temporaire, dans un nouvel épisode de la profonde crise diplomatique entre les deux pays.

Le ministère algérien des Affaires étrangères n’avait pas publié de communiqué officialisant cette demande, annoncée par une dépêche de l’Agence de presse algérienne (APS) selon qui les employés français avaient été nommés dans des « conditions irrégulières ». Selon le Quai d’Orsay, l’expulsion des fonctionnaires français a été prise sur la base d’une « décision unilatérale des autorités algériennes d’établir de nouvelles conditions d’accès au territoire algérien pour les agents publics français détenteurs d’un passeport officiel, diplomatique ou de service, en violation de l’accord bilatéral de 2013 ».

Photo diffusée par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montrant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (c) à son arrivée à Alger, le 6 avril 2025.

Jean-Noël Barrot a dit déplorer « absolument » ces décisions des autorités algériennes. « Elles contreviennent aux accords qui régissent la relation entre nos deux pays, elles ne sont évidemment pas dans l’intérêt de la France, mais évidemment pas dans l’intérêt des Algériens« , selon lui. Le ministre avait déjà indiqué dimanche 11 mai 2025 que la relation entre la France et l’Algérie restait « totalement gelée » depuis l’expulsion mi-avril de douze fonctionnaires français par Alger et une mesure de représailles similaires par Paris.

Les relations entre les deux pays se sont dégradées depuis fin octobre 2024, à la faveur de la « reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur le Sahara », un territoire autour duquel l’Algérie appuie le Front Polisario. La France est la 2è puissance du Conseil de Sécurité onusien à reconnaître cette souveraineté marocaine après les USA.

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