Ouagadougou (© 2025 The Conversation) La Flore illustrée du Burkina Faso et Mali est la toute première documentation exhaustive de la richesse végétale remarquable de ces deux pays d’Afrique de l’Ouest.
Fruit de décennies de recherches
Rédigé en français, cet ouvrage est le fruit de plusieurs décennies de recherches botaniques et de collaboration scientifique entre des institutions et des botanistes du Burkina Faso, du Mali, de France, de Suisse et d’Allemagne. Il fournit pour la première fois un inventaire complet des fougères et des plantes à fleurs du Burkina Faso et du Mali. Il répertorie 2 631 espèces, indigènes et introduites, dont 2 115 identifiées au Burkina Faso, 1 952 au Mali et 1 453 communes aux deux pays.
Illustré de plus de 800 photographies et de 2 631 dessins scientifiques, il comprend des descriptions détaillées, des cartes de répartition et des clés d’identification. Ce guide se veut un outil indispensable pour la recherche scientifique et la conservation de la biodiversité mais aussi pour le développement durable de la région.
Nous sommes une équipe de botanistes du Burkina Faso, du Mali et d’Europe qui ont travaillé sur ce guide. L’un des membres de notre équipe est le botaniste Jean César, qui mène des recherches botaniques dans la région depuis plus de 30 ans. Nous avons basé ce guide sur ses travaux antérieurs consacrés à l’étude de la flore de l’Afrique de l’Ouest et à la formation de jeunes botanistes.
Ce guide montre la grande diversité climatique de l’Afrique de l’Ouest. Du désert du Sahara à la zone sahélienne en passant par les savanes et les forêts clairsemées de la région soudanaise.
En identifiant les espèces végétales – qu’elles soient communes, rares, surexploitées ou envahissantes –, ce guide peut jouer un rôle crucial dans les efforts de conservation : on ne peut protéger que ce que l’on connaît.
Cette publication jette les bases de la conservation des écosystèmes sahéliens, qui sont confrontés à une dégradation croissante aux conséquences directes pour les communautés rurales.
Comment nous avons élaboré ce guide
Notre équipe a mené plus de 40 ans de recherches au Burkina Faso et au Mali, documentant différentes plantes. Nous avons également étudié des collections d’herbiers à Paris, Montpellier, Francfort et Genève en Europe, ainsi qu’à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso au Burkina Faso.
Nous avons puisé dans des ressources en ligne telles que African Plants- A Photo Guide et African Plant Database . Ces ressources compilent des données complètes sur la biologie, la distribution et la taxonomie (la science qui classe et nomme les plantes) des plantes africaines.
Le livre comprend un index des noms locaux des plantes dans les langues locales bambara, dogon, sonrai, sénoufo et peulh. Cela en fait une ressource précieuse pour les communautés locales et les chercheurs. Une version numérique en accès est disponible afin que tout le monde puisse profiter de ce nouveau guide illustré.
Découverte d’espèces nouvelles et rares
Le livre met en avant des espèces qui n’étaient auparavant connues que par quelques observations. Il s’agit à la fois d’espèces largement répandues et de plantes rares, que l’on ne trouve que dans des zones non protégées confrontées à une forte urbanisation.
Environ 330 des espèces végétales répertoriées dans le guide n’ont été répertoriées qu’une seule fois au Burkina Faso ou au Mali, bien que certaines soient présentes dans les pays voisins.
Quarante autres espèces quasi endémiques (principalement présentes au Burkina Faso et au Mali) n’ont été enregistrées qu’une seule fois, il y a quarante ans. La plupart d’entre elles sont des plantes aquatiques qui poussent le long du fleuve Niger ou dans de petites zones humides.
En outre, cette recherche actualise les informations sur plus d’une centaine d’espèces mal connues qui ont nécessairement des études plus approfondies. Certaines d’entre elles sont probablement nouvelles pour la science et n’ont même pas encore reçu de nom officiel. Par exemple, nous avons découvert un nouveau type d’arbre Brachystegia dans l’herbier du Jardin botanique de Genève. Il s’agit d’une nouvelle espèce pour la science qui devra être décrite.

De nombreuses plantes répertoriées ici ont une valeur ethnobotanique. Elles font partie du savoir autochtone du Burkina Faso et du Mali et jouent un rôle dans la médecine traditionnelle, l’agriculture et l’artisanat.
Nous avons recensé plus de 120 espèces ayant des usages médicinaux. Il est essentiel de les identifier à l’aide de noms scientifiques corrects afin d’étudier comment ces plantes peuvent continuer à être utilisées, en particulier à des fins médicinales.
Collaboration dans un contexte difficile
L’hospitalité des pays du Sahel a favorisé de nombreuses collaborations au fil des ans dans le cadre de différents projets.
Malheureusement, l’insécurité qui règne actuellement dans la région rend les études sur le terrain extrêmement dangereuses et menace les projets de conservation. Par exemple, les gardes forestiers ne peuvent se déplacer librement, et certaines régions sont devenues inaccessibles.
La publication de cet ouvrage en cette période difficile donne un nouvel élan aux scientifiques et constitue un signe positif de la poursuite de la collaboration. Elle a mis en lumière les études botaniques menées dans les deux pays et souligne l’importance de la collaboration entre botanistes de différents continents.
En recensant cette biodiversité, cet ouvrage préserve non seulement de précieuses connaissances écologiques, mais garantit également que ces espèces ne disparaîtront pas en raison de la dégradation de l’environnement provoquée par le conflit. Il a mis en lumière l’importance de préserver les plantes pour les générations futures.
The Conversation