Tshala Muana laisse un immense héritage culturel à l’Afrique et à ses fans

Afriquinfos Editeur
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Kinshasa (© 2022 Afriquinfos)- Élisabeth Tshala Muana Muidikayi, plus connue sous le nom Tshala Muana, a rendu l’âme dans la matinée du samedi 10 décembre 2022 à Kinshasa à l’âge de 64 ans. La chanteuse congolaise originaire du Kasaï Occidental, en République Démocratique du Congo, laisse à l’Afrique une riche carrière musicale de plus de 40 ans, et un lourd héritage culturel.

Native de la ville de Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, Tshala Muana était devenue célèbre pour avoir modernisé et donné ses lettres de noblesse au folklore du peuple Luba. C’est ainsi qu’est né le Mutuashi, une musique traditionnelle du Grand Kasaï, dont l’origine remonte probablement au Moyen-Âge. «Elle savait magnifier cette culture de notre pays, témoigne le journaliste Jean-Marie Kassamba. C’était une grande dame, un cœur, une grande professionnelle, une femme de convictions. Personne ne parlera de la culture Luba [nom de la tribu de Tshala Muana, NDLR] On l’appelait « Mamu Nationale », parce qu’elle incarnait justement cette maternité».

Avec plus de 40 ans de carrière, celle qu’on surnommait la ‘’Reine du Mutashi”, en République Démocratique du Congoétait d’abord choriste aux côtés de Laurent Galans, puis avec l’orchestre Minzoto Wella Wella. Tshala Muana deviendra danseuse dans le groupe de la chanteuse M’pongo Love, puis celui d’Abeti Masikini à Kinshasa. C’est en Côte d’Ivoire que la Congolaise deviendra chanteuse, propulsée par son compatriote, le guitariste Souzy Kaseya.

La reine du Mutashi a conquis plusieurs capitales africaines grâce à ses déhanchements envoûtants. Tshala Muana était chanteuse, danseuse, actrice, productrice, patronne de l’orchestre «La dynastie Mutwashi», et femme politique. Intronisée par les chefs coutumiers du Grand Kasaï pour sa contribution à la valorisation de la culture Luba, du nom de sa tribu, Tshala Muana a reçu plusieurs décorations tout au long de sa carrière musicale.

Son penchant pour la politique

L’artiste célèbre avait pris goût à la politique depuis la capitale française où elle s’était rapprochée du président Laurent-Désiré Kabila, tombeur du dictateur Mobutu Sese Seko.

En 1997, elle rentre au pays pour militer aux côtés de ce dernier. Elle devient députée grâce au président Kabila, et à son combat pour les femmes. Dans les rangs des dignitaires de la majorité au pouvoir, Tshala Muana a produit plusieurs chansons de campagne à la gloire de Kabila. En 2011, elle avait tenté en vain d’obtenir un siège à l’Assemblée nationale. Elle avait été battue aux législatives dans la ville de Kananga dont elle est originaire.  Mais elle est vite rattrapée par sa première passion, la musique. ‘’ L’album Malu’’ va alors annoncer avec fracas son retour sur scène.

En 2020, deux ans après la fin de la gouvernance de Joseph Kabila, l’artiste s’était faite arrêter pour avoir critiqué le nouveau Président Félix Tshisekedi, sans le nommer, dans une chanson intitulée «Ingratitude». La chanson rappelait le bras de fer entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi qui avaient conclu un accord avant la proclamation des résultats controversés de la présidentielle du 30 décembre 2018.

Tshala Muana, née le 13 mai 1958 dans la ville de Lubumbashi (Sud-Est) est deuxième d’une fratrie de dix enfants. Elle est la fille d’un militaire et d’une mère au foyer. Depuis l’annonce de son décès, c’est toute l’Afrique qui lui rend hommage. Des personnalités politiques, au monde du show-biz africain, passant par de simples internautes, chaque entité a tenu à saluer la mémoire de l’illustre disparue.

Le jeune chanteur Innoss’B a célébré la chanteuse congolaise de renommée internationale pour son héritage. « Merci pour votre héritage à notre culture congolaise, reposez en paix Mamu Nationale Tshala Muana », a-t-il écrit.

On se souviendra de son engagement pour la cause nationale et africaine, sa Rumba mélangée à la tradition Luba et ses titres (Lwatuye, Karibu yangu, Nasi nabali et autres) aux leçons morales et d’éthique », a salué le ministère de la Culture congolais.

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