C'est dans ce contexte que les groupements de transformation de poissons, « Main de Dieu », « Tsonakle » et « Dzidula », membres de l'Union des Femmes Transformatrices de poissons, se sont constitués en sociétés coopératives simplifiées, le 18 avril 2012, à l'issue d'une assemblée générale ordinaire tenue à Lomé. Ce changement de statut leur permettra de trouver des créneaux pour améliorer leurs prestations.
Les femmes des groupements face aux difficultés dans l'exercice de leur métier
Ces difficultés sont au quotidien, mais n'entament en rien la détermination de ces femmes. Elles passent par le manque de moyens financiers jusqu'à la mévente au marché. A en croire, la présidente des femmes transformatrices de poissons, Jeanne-Chantal Amematsron les inquiétudes de ses consoeurs sont grandes. « Nous n'avons pas de frigos, d'aire de séchage ou de vente », souligne-t- elle avant de relever le problème d'avancement du niveau de la mer.
Pour elle, « Il y a des années, la mer n'était pas aussi proche qu'elle l'est actuellement. Cela signifie qu'elle avance », lançant un appel aux autorités pour que des digues soient placées pour arrêter la progression de l'érosion.
Pour mieux faire face à leurs contraintes, les femmes ont convenu de fédérer toutes les seize associations de travailleurs de poissons en une Union générale des Femmes Transformatrice de Poissons (UGEFETRAPO) pour agir d'une seule voix au profit des femmes.
Ce regroupement a mis en place un système de tontine pour aider leurs membres qui rencontrent d'énormes problèmes à faire des prêts aux niveaux des institutions financières en général et les banques en particulier. Mais ce système de tontine n'a pas résisté au temps du fait de l'incompréhension entre les membres expliquant le manque de liquidité dans la caisse de l'Union.
C'est donc dans le but d'assurer non seulement à la population, une sécurité alimentaire en protéines animales, mais aussi d'améliorer la situation socio-économique des membres, que ces groupements se sont constitués en sociétés coopératives simplifiées.
Pour se conformer à l'acte de l'OHADA, les membres de ces sociétés ont, au cours d'une assemblée générale, révisé les textes qui les régissent, présenté le rapport financier, et élu leurs bureaux. Ces bureaux sont composés chacun de six membres pour un mandat de 3 ans renouvelable une fois.
Ainsi « Main de Dieu » a pour présidente, Mme Angèle Zounon- Medje tandis que « Tsonakle » est présidée par Mme Bénédicta Ahiadji. Mme Vicky Ametsi a été élue à la tête de « Dzidula ». Les trois présidentes ont sollicité la collaboration de leurs membres pour bénéficier des avantages qu'offre l'OHADA. Elles ont, par ailleurs, invité le gouvernement, les ONG et d'autres partenaires à les soutenir, pour une meilleure nutrition des populations togolaises.
Le secrétaire administratif de l'Union des Femmes Transformatrices de Poissons, Koudouvor Pierre, a relevé que l'acte de l'OHADA, prévoit la transformation des groupements en sociétés coopératives. C'est pourquoi, il a exhorté les autres groupements à se conformer à cette exigence.
Il a précisé que ces groupements qui avaient entre temps un capital social insuffisant (200.000 FCFA) pour cautionner leurs membres sont en mesure de le faire aujourd'hui car il est désormais de 1.000.000 FCFA pour la société coopérative simplifiée et de 5.000.000 FCFA pour La société coopérative avec conseil d'administration.
Les sociétés coopératives « Main de Dieu », « Tsonakle » et « Dzidula » sont spécialisées dans l'approvisionnement, la transformation, la conservation et la commercialisation des poissons.
Une société coopérative comme un atout de réussite
La société coopérative est un groupement autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs, au moyen d'une entreprise dont la propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé démocratiquement et selon les principes coopératifs.
La société coopérative peut, en plus de ses coopérateurs qui en sont les principaux usagers, traiter avec des usagers non coopérateurs dans les limites que fixent les statuts.
La société coopérative est constituée et gérée selon les principes coopératifs universellement reconnus, à savoir : l'adhésion volontaire et ouverte à tous; le pouvoir démocratique exercé par les coopérateurs; la participation économique des coopérateurs; l'autonomie et l'indépendance; l'éducation, la formation et l'information. Elle existe sous deux formes : la société coopérative simplifiée et celle avec conseil d'administration.
La société coopérative simplifiée est constituée entre cinq personnes physiques ou morales au minimum. La constitution de la société coopérative simplifiée est décidée par une assemblée générale constitutive.
La société coopérative avec conseil d'administration est constituée entre quinze personnes physiques ou morales au moins.
La société coopérative avec conseil d'administration est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou suivie, en caractères lisibles, de l'expression « Société Coopérative avec Conseil d'Administration » et du sigle « COOP-CA ».
L'OHADA est l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, créée par le Traité relatif à l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique signé le 17 octobre 1993 à Port- Louis (Ile Maurice).
Elle regroupe aujourd'hui 16 pays (les 14 pays de la Zone franc CFA, plus les Comores et la Guinée Conakry) et reste ouverte à tout Etat du continent africain comme c'est le cas de la République Démocratique du Congo en cours d'adhésion.