Lomé (© 2025 Afriquinfos)- Plusieurs Organisations de la Société Civile Togolaise ont dans un communiqué diffusé ce 1er juillet 2025, tiré la sonnette d’alarme après les vagues de répression violente contre des manifestations initiées par la jeunesse togolaise les 6, 26, 27 et 28 juin. Mais le gouvernement togolais de son côté qualifie les faits de « manipulation médiatique » à l’international.
Les autorités de Lomé ont en ce sens tenu vendredi 5 juillet 2025, une séance d’information à l’endroit du corps diplomatique. Le but de la dite rencontre initiée sous l’égide du Ministère des Affaires Etrangères : clarifier les récents événements sociopolitiques, notamment les manifestations de juin dernier.
La rencontre avec les diplomates ambitionne de ‘’fournir aux partenaires internationaux une lecture cohérente et factuelle de ce qui s’est passé’’, a indiqué Calixte Madjoulba, le Ministre Togolais de la Sécurité devant les Ambassadeurs et membres du corps diplomatique accrédité au Togo.
A en croire Isaac Tsiakpé, Ministre de l’Enseignement technique, qui s’est exprimé au nom du gouvernement ‘’le calme et la stabilité règnent au Togo. Les activités se déroulent normalement. Vous-même avez pu constater que les examens nationaux se déroulent à la perfection. Nous avons en revanche des entrepreneurs de violences virtuelles qui, grâce aux nouveaux outils de technologie, distordent la réalité et présentent un pays en tension comme si rien n’allait. Or, chacun va à son occupation’’, a-t-il affirmé devant les diplomates.
‘’Des interrogations ont été faites. Nous avons apporté la réponse. Tant que les activités se déroulent dans le cadre de l’état de droit, les manifestations sont autorisées. Mais quand des gens délibérément ne respectent plus la démocratie, la civilité et la courtoisie, nous avons le devoir de maintenir l’ordre’’, a-t-il poursuivi avant de conclure : ‘’Le gouvernement assure rester mobilisé pour garantir la stabilité et la transparence en lisant sur la confiance de ses partenaires’’.
Les Ministres des Affaires étrangères Robert Dussey et celui des Relations avec les institutions de la République, Pacôme Yawo Adjourouvi ont également pris part à la rencontre.
Des propos aux antipodes du tableau peint par les OSCs
Les propos tenus par le gouvernement Togolais sont visiblement aux antipodes de la récente sortie des OSCs du pays.
Dans leur note collective intitulée ‘’Stop à la violence d’état comme seule réponse à la jeunesse togolaise en colère !’’, Front Citoyen TOGO DEBOUT – Novation Internationale – ATOH – AJAAH – ABEJ – REIADD – MMLK – SPBT – ASATEPT – Tournons La Page, affirment cependant que : ‘’Les rues de Lomé ont encore été le théâtre d’une répression brutale et systématique. Les manifestations initiées par la jeunesse togolaise ont été sauvagement réprimées par les forces de l’ordre, dans une opération qui semble avoir été pensée pour terroriser, non pour restaurer un quelconque ordre public. Des images et témoignages glaçants affluent. Une répression lourde s’est abattue sur des manifestants à mains nues : des bastonnades à l’aveugle, des jeunes molestés sans raison, des personnes arrêtées simplement parce qu’elles se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment, des arrestations arbitraires sans procédure, des actes de torture… Certains ne manifestaient même pas. Leur seul tort ? Porter du rouge, couleur désormais stigmatisée comme symbole’’.
Les conséquences humaines sont lourdes
Selon la Société Civile Togolaise, des nervis cagoulés ou non, agissant en parallèle ou en appui des forces de l’ordre, ont été identifiés par des témoins. Cette milice informelle a semé la peur avec une impunité révoltante.
‘’À Anfamé, alors qu’il n’y avait aucune manifestation, des habitants nous ont expliqué comment des éléments des forces de l’ordre ont défoncé des portails pour faire irruption dans des domiciles ; ils ont défoncé les portes des chambres pour finalement partir avec deux jeunes qui étaient en train de tranquillement manger du riz’’, ont-ils déclaré.
Les conséquences humaines sont lourdes : plusieurs blessés, dont certains gravement atteints, nécessitent une intervention chirurgicale pour fracture. Une répression sans distinction, sans retenue, qui frappe aveuglément.
Le drame a pris une dimension encore plus funeste avec la découverte, dans le 4ᵉ lac à Akodessewa, de deux corps sans vie. Les premiers éléments recueillis auprès de proches et de témoins laissent à penser qu’il s’agirait de deux membres d’une même famille, originaires d’un pays voisin disparus dans la nuit du 25 au 26. De forts soupçons orientent vers des éléments des forces de l’ordre qui auraient procédé à leur interpellation. Deux autres corps ont été repêchés cet après-midi dans la lagune de Bè. Des témoignages concordants font état d’au moins un autre corps non encore sorti de l’eau, dénoncent-t-elle.
Cette escalade dans la violence traduit une chose : Le pouvoir a choisi la brutalité comme seule réponse à un peuple qu’il refuse d’écouter. Plutôt que le dialogue, c’est la matraque et le silence qu’on impose. Plutôt que la justice, c’est la peur qu’on instaure, a entre-autre fustigé les OSCs.
‘’Nous saluons avec force et respect le courage admirable et la détermination sans faille de la jeunesse togolaise. Face à l’oppression, à la peur et à la répression violente, elle a choisi de se lever, de parler, de résister. Elle est aujourd’hui le visage de l’espoir et de la dignité dans un pays où l’arbitraire et la brutalité étatique veulent étouffer toute voix dissidente.’’, ont-il conclu.
V.A.