Togo : Pas de durcissement de la législation autour des médias en vue

Afriquinfos Editeur
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« La tentation est grande de corseter le Code de la presse locale, au regard des dérives constatées, mais le débat n’est pas là pour le moment », a fait remarquer El Hadj Abass Bonfoh, président de l’Assemblée nationale du Togo, en clôturant la 7ème séance de la deuxième session ordinaire de l’année de l’institution qu’il chapeaute depuis 2007.

Cette phrase de M. Bonfoh a été lâchée lors d’une « séance de questions orales » à laquelle s’est plié le ministre Djimon Orè de la Communication le 31 décembre 2012. Ce ministre a été interpellé par le député Yaowaï Nambou du Gmp (Groupe de la majorité parlementaire, favorable au président Faure Gnassingbé) sur un constat récurrent ces derniers mois au Togo. Il s’agit « du non-respect des règles de déontologie par les médias togolais ». Le ministre Orè a fait devant les députés le point de la question, en pointant essentiellement du doigt les facteurs favorisant ce non-respect des règles déontologiques.

« Il n’existe pas de véritables entreprises de presse dans notre pays ; les médias togolais manquent cruellement de moyens financiers (à même de les rendre indépendants et professionnels) et de séances de renforcement de capacités », a dit le ministre Orè pour planter le décor. « La violation des dispositions déontologiques devrait être sanctionnée par la Haac (Haute autorité de la communication) ; malheureusement, elle règne mais ne gouverne pas (…) car la loi de 2009 a totalement dépourvu cette institution de tout pouvoir de coercition (…) La Haac ne fait que constater de nos jours les dérives dans le monde médiatique sans possibilité d’intervention », a déploré par la suite ce commissaire du gouvernement devant les parlementaires.

A l’issue d’un pareil état des lieux dressé, M. Orè a lancé un appel pressant aux élus du peuple pour le compte de la législature 2007-2012. « Il n’appartient pas au gouvernement tout seul de régler ce mal ; tous les acteurs du secteur de la Communication doivent apporter leur pierre à sa résolution (…) On peut organiser les états généraux de la presse pour plancher sur cette question (…) ». Car avertit, le patron du secteur de la Communication au Togo : « Le manque de moyens financiers met les journalistes togolais à la merci de tous les groupes de pression (politique, économique, etc.), même si la résolution de cette violation déontologique relève aussi d’une prise de conscience collective et citoyenne des journalistes ». « Citoyenneté rime avec responsabilité et le gouvernement est conscient qu’il faut assister la presse dans ses efforts de renforcement de capacités professionnelles de ses composantes (…) », a encore proposé Djimon Orè.

Imbrication parlementaire

« L’Assemblée nationale est disposée à aider le ministère de la Communication en œuvrant   pour mettre davantage de crédits à sa disposition pour la formation idoine des journalistes », a proposé le député Dama Dramani, le président du Gmp au parlement. « Il n’est pas question de pénaliser à nouveau le Code de la presse au Togo, car ce pays fut l’un des tout premiers en Afrique sub-saharienne à le dépénaliser (…) Il faut donner les moyens à la Haac d’encadrer professionnellement les médias dans le budget général de l’Etat », complètera le député Sélom Klassou du Gmp.

Pour sa part, le président du groupe parlementaire du Car (Comité d’action pour le renouveau, Opposition), K. Amegnona a estimé sur le sujet « que les dérives constatées dans la presse au Togo relèvent aussi de la faiblesse des institutions du Togo dans leur ensemble ». « Il faut renforcer le pouvoir d’intervention de la Haac (…) Le ministère de la Communication a proposé le renforcement des capacités de réaction de la Haac sur les dérives (l’appuyer en ressources humaines, financières, didactiques) », a encore insisté M. Orè.

« Nous préférons une mauvaise presse à l’absence totale de la presse (…) 2013 est l’occasion de faire autrement le métier de journaliste (…) Les médias togolais doivent surtout éviter le chantage lorsqu’on leur intente un procès (…) », recadrera pour sa part le ministre Tchitchao Tchalim de la Justice qui participait aussi à la séance parlementaire du 31 décembre 2012. 10 millions de fcfa dans le budget général 2013 ont été accordés au ministère de la Communication « sur le volet formation » ; une somme jugée insuffisante par ce département ministériel.

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