Togo : Le défi de fonder le challenge d’un taux de croissance de 7% sur les richesses minières

Afriquinfos Editeur
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L'analyse avancée par Africa's Pulse de la Banque mondiale sur des enjeux qui façonnent les perspectives économiques de l'Afrique, surtout de la partie subsaharienne, est en-deçà des perspectives économiques inscrites dans les politiques du nouveau gouvernement togolais fondées sur une feuille de route à trois axes.

Le Premier ministre togolais Ahoomey-Zunu Sélagodji, en ouvrant mi-septembre l'atelier de validation du document de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l'Emploi (SCAPE), s'est accordé sur l'analyse, soulignant que l'évolution économique du Togo "montre un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) qui a doublé de 2,4% à 4,9% entre 2008 et 2011".

Ce taux est "estimé en 2012 à 5,6%", a-t-il cependant relevé, expliquant que le cadre macroéconomique du pays est "relativement stabilisé avec un niveau d'inflation maîtrisé, un niveau d'endettement extérieur en recul, une amélioration globale des recettes budgétaires assorties d'une maîtrise des dépenses publiques".

"Bien entendu, des efforts restent encore à faire. Le PIB réel par habitant demeure faible au regard du taux de croissance démographique. Et l'incidence de la pauvreté s'est aggravée par endroits", a indiqué Ahoomey-Zunu.

Ceci, pendant que le Togo qui, pour une population de 6 millions d'habitants, présente un taux de pauvreté de 61,7% avec plusieurs défis.

Dans ce contexte, les autorités togolaises ont fixé des objectifs au travers cette nouvelle stratégie du SCAPE avec notamment le défi d'augmenter le revenu moyen du citoyen de 3 à 4 % par an au cours des cinq prochaines et de sortir le « maximum" de la population de la pauvreté.

Cela fait obligation à l'équipe gouvernementale, à feuille-de-route de trois axes fixée par le chef de l'Etat, de "travailler ardemment dans quatre directions", a relevé le Premier ministre qui fait état des urgences pour le pays.

Il s'agit notamment de "réaliser une croissance économique autour de 7% en moyenne par an", en défi et à une barre plus élevée que l'analyse de Africa's Pulse de la Banque mondiale, et d'améliorer le climat des affaires pour développer l'investissement du secteur privé national et attirer les investissements directs étrangers.

D'après ces analyses, en excluant l'Afrique du Sud, l'économie la plus importante du continent, la croissance annuelle en Afrique subsaharienne devrait augmenter pour atteindre 6 %.

« Un tiers des pays africains connaîtront une croissance supérieure ou égale à 6 %. Ceux dont la croissance est la plus rapide bénéficient de nouvelles exportations minérales, telles que celles de minerai de fer en Sierra Leone et de l'uranium et de pétrole au Niger, d'autres facteurs, comme le retour à la paix en Côte d'Ivoire, ou d'une solide croissance macro-économique dans des pays comme l'Éthiopie", a affirmé, selon le rapport, le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique, Makhtar Diop.

L'analyse coïncide à bien de point pour le Togo qui s'est lancé dans une course de mise en valeur de ses richesses minières avec octroi divers de permis d'exploitation à grande échelle.

Presque en chapelet, le pays a délivré des permis avec, déjà, la mise en exécution de certains. Il s'agit notamment de certains pour plus de 50 millions de m3 de marbre, deux permis pour 50 et 25 millions de tonnes de calcaires, l'exploration du manganèse dont les premières indices sont à près de 15 millions de tonnes, le fer, l'ouverture prochaine d'une carrière de phosphate carbonaté outre les anciennes carrières du phosphate tricalcique, et la course effrénée pour le pétrole off-shore en attente de confirmation dans un Golfe de Guinée très pétrolifère.

En attendant, les réalités macroéconomiques, le défi d'un bon climat des affaires et les exigences de bonne gouvernance sur fond de l'engagement du Togo à adhérer à l'initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) devront situer, au cours de l'année, le réalisme du challenge d'un taux de croissance économique, dans l'auréole de 7%, au cœur des analyses des institutions et des politiques du gouvernement togolais.