Togo: perspective confirmée d’un nouvel excédent céréalier

Afriquinfos Editeur
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Pour la quatrième année consécutive, nous allons dégager des excédents pour les cultures vivrières dont le sorgho et surtout le maïs", a déclaré Messan Ewovor, le ministre togolais de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, au terme d'un atelier d'évaluation du secteur agricole de ce pays.

Cette confiance s'installe pendant que le Togo est en pleine exécution d'une stratégie de relance de son secteur agricole qui sera soutenue par le lancement prochain d'un ambitieux programme de près de 617 milliards de francs Cfa (plus de 1,32 milliards USD).

"Le gouvernement a mis les moyens en place pour une bonne campagne agricole", a souligné le ministre de l'Agriculture, annonçant une performance qui pourra aller au-delà de celle enregistrée au cours de précédente campagne notamment 110.000 tonnes de céréales dont 80.000 tonnes pour le maïs, aliment de base au Togo.

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A la fin de la campagne agricole 2009-2010, le Togo avait dégagé un excédent céréalier de près de 100.000 tonnes duquel le Programme alimentaire mondial (PAM) a acheté près de 5.500 tonnes pour répondre à la crise alimentaire au Niger.

Les autorités togolaises avaient qualifié cette réussite d'" acquis fragile" obtenu grâce à une subvention à hauteur de 52% des engrais mis à la disposition des paysans, soit globalement 6 milliards de francs Cfa (environ 12,8 millions USD).

L'excédent dégagé a été l'effet d'une augmentation globale de 13% pour les céréales et les légumineuses, mais de 9% pour les racines et tubercules, après qu'environ 10% du budget national eut été consacré au secteur agricole.

En fait, dans sa politique pour ce secteur, le gouvernement entend consacrer au moins 10% du budget de l'Etat. Cet effort devra être soutenu par le démarrage du Programme national d'investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA) estimé à environ 617 milliards de francs CFA.

La confiance des autorités agricoles intervient à un moment où, au mois de mars, le 3e forum des paysans qui a regroupé 2.000 participants dont 1.315 producteurs a fait de pertinentes recommandations que le gouvernement s'active à mettre en application.

Il s'agit, entre autres, de l'appui à l'amélioration de la chaîne de valeur de production, à la transformation des productions par l'agro-industrie, à la définition d'une politique d'utilisation des tracteurs, à la poursuite de la politique de la maîtrise de l'eau en matière de riziculture naissante, l' organisation d'une bourse et d'une banque agricoles et la subvention de l'engrais.

Le monde paysan, avec en première ligne les producteurs, relève urgent de s'impliquer dorénavant dans la mise en oeuvre du PNIASA, de renforcer le fonctionnement de la bonne gouvernance des organisations agricoles, améliorer quantitativement et qualitativement la production et faciliter la récupération des crédits accordés aux paysans.

Alors que se ferment les portes de ce forum, le chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé adopte la subvention à 11.000 F Cfa le sac de 50 kg d'engrais, au lieu de 15.500 le prix de revient.

La Commission de l'Union économique et monétaire ouest- africaine (Uemoa) a, de son côté, apporté son appui au gouvernement en finançant 300 forages d'eau équipés de pompe à motricité humaine en milieu ruraux et la construction prochaine de magasins de stockage de produits céréaliers.

En ajout, le gouvernement et la Commission signent une convention pour l'aménagement de 1.000 hectares, en moyenne 200 par région économique à des fins agro-sylvo-pastorales et halieutiques.

Sur cette toile de fond, les autorités togolaises choisissent de réglementer le secteur semencier par des textes qui seront soumis prochainement à l'Assemblée nationale pour adoption, afin de faire face aux défis en matière de production, de contrôle de qualité, de certification et de commercialisation des semences dans ce pays.

Ces textes, déjà validés lors d'un atelier des experts, sont indiqués "en cohérence" avec les documents communautaires adoptés dans le même sens par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) et l'Uemoa. Ils viendront renforcer le projet dit d' "Appui à la relance du secteur semencier" en cours depuis près de 10 mois au Togo et aidera à atteindre l'autosuffisance et la sécurité alimentaire dans ce pays.

Cet instrument traite notamment de la loi-cadre régissant les activités semencières, du décret portant création d'un Conseil national des semences et plants, du décret instituant un catalogue national des espèces et variétés de plantes agricoles homologuées et de la création d'un fonds d'appui à la filière semencière au Togo.

Dans leur nouvelle vision de relance agricole, les autorités togolaises font de la filière semencière un "secteur indispensable " à la transformation de l'agriculture de subsistance en une véritable économie de marché.

Au Togo, le secteur agricole occupe 70% de la population et représente 40 % du Produit intérieur brut (PIB). La déclaration de politique générale du gouvernement le présente comme une "arme potentielle pour la lutte contre les inégalités socio-économiques et pour une meilleure répartition de la croissance économique".