Ouagadougou (© 2019 Afriquinfos)-Le Président burkinabé Roch Christian Kaboré, comme à chaque commémoration, a à l’occasion du 5è anniversaire de l’insurrection populaire, adressé un message au peuple Burkinabè.
« Ces 30 et 31 octobre 2019, le peuple Burkinabè, épris de liberté, de démocratie et de justice, commémore l’insurrection populaire. En ces jours anniversaires, je voudrais saluer la mémoire des martyrs tombés pour la Patrie. Au moment où notre pays fait face à une guerre qui lui est imposée par les forces du mal, je voudrais inviter tous les fils et les filles du Burkina Faso, à rester unis et solidaires, pour bâtir une Nation où règnent la paix et la cohésion sociale.
Toutefois, cinq ans après l’insurrection, de nombreux Ouagalais se disent déçus de la gestion des affaires par le nouveau pouvoir.Cinq ans après l’insurrection au Burkina Faso, plusieurs personnes restent encore dans l’attente du changement souhaité. Sans toutefois regretter la chute du régime de l’ex-président Blaise Compaoré. de nombreuses personnes accusent le nouveau pouvoir de conduire le pays avec les mêmes méthodes que l’ancien régime.
Certes la liberté d’expression a été l’une des choses acquises, mais persistent encore la grogne sociale, corruption, mal gouvernance… »
Zéphyrin Diabré était l’un des acteurs politiques de cette insurrection, il est aujourd’hui le chef de file de l’opposition. « C’était un évènement politique majeur dans la vie de notre pays. Il était l’expression de toute une population contre une certaine manière de gouverner et une gouvernance qui avait d’énormes tares », dit-il.
Mais pour lui, la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion dénoncée par les manifestants il y a cinq ans n’ont pas disparu. « La situation a largement empiré. On a là un régime dont beaucoup d’acteurs ne cherchent qu’à se remplir les poches plutôt que de servir. Et à cela s’ajoute malheureusement le fait qu’on a une situation de sécurité qui a atteint un niveau de gravité qu’on n’a jamais connu dans notre histoire politique, on n’a pas réussi à endiguer la vague. On assiste à des déplacements massifs de populations, chose qu’on n’a jamais vue dans notre histoire politique. Et notre cohésion sociale, notre vivre ensemble, sont mis très à mal par ce phénomène parce que les actions des terroristes ont conduit à distiller le sentiment dans l’opinion que certains burkinabè, certaines communautés burkinabè devraient être indexées. Donc ceux qui gèrent le pays doivent nous proposer la démarche, la méthode et la vision nous permettant de sortir de cette situation-là. »
Le pays apparait donc pour certains comme un État fragile, notamment à cause des tensions sécuritaires dans le nord et le centre du Burkina Faso qui continuent de s’accentuer.
L’Etat incapable de tout supporter
Mais pour le porte-parole du gouvernement, au contraire, l’État et l’armée continuent de se construire et de se consolider. Même s’il reconnait quelques faiblesses, notamment sécuritaires, le bilan de ces cinq années post-insurrection est globalement positif, explique Remis Fulgance Dandjinou sur RFI. « Je pense que nous avons mis un processus en marche et que ce processus s’achève.
Rien ne peut être entièrement fini dès le départ. La construction du bien-être des populations se fait en continuité. On ne peut pas penser aujourd’hui pouvoir le faire en une année ou en deux ans, lorsque nous avons un système qui s’était établi durant deux décennies à peu près. Donc chacun de nous lit l’actualité et les faits à l’aune de sa vision. Nous avons aujourd’hui une construction d’une démocratie qui se fait parfois dans la douleur notamment à cause des attaques terroristes, mais qui se fait et avance de plus en plus. Le Burkina tient le coup, reprend la main. Nous avons tous intérêt à ce qu’il tienne. Les efforts permettent de renforcer cette résilience et donner un succès au Burkina dans cette lutte qui lui est imposée. »
Xavier-Gilles CARDOZZO