Tchad : Le gouvernement fait des efforts pour électrifer tout le pays

Afriquinfos Editeur
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Le mois dernier, un arrêté du ministre du Commerce et de l'Industrie, Allahou Taher, a fixé les nouveaux tarifs de l'électricité produite et distribuée par la Société nationale d' électricité (SNE). Pour la basse tension à usage domestique, le kWh vaut 85 F CFA pour la première tranche (de 0 à 150 kWh) et 125 F CFA pour la deuxième tranche (plus de 150 kWh).

Pour la source motrice, il y a une tranche unique qui est de 125 F CFA le kWh. De même, l'éclairage public comporte une tranche unique et vaut 125 F CFA le kWh. La moyenne tension, avec tranche unique également, est à 125 F CFA/kWh. Le tarif préférentiel coûte 125 F CFA/ kWh pour les pleines heures; 85 F CFA/ kWh les heures de pointe et les heures creuses. Les pénalités sont de 48, 330 F CFA/kVa de dépassement.

Ces tarifs, applicables sur toute l'étendue du territoire national, sont susceptibles de modification après évaluation au cours d'une année, précise l'arrêté ministériel qui prévient que toute infraction à ses dispositions sera passible de peines prévues par la loi n°30 du 28 novembre 1968 relative aux prix, aux interventions économiques et à la répression des infractions économiques.

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Les nouveaux tarifs de l'électricité au Tchad sont en deçà de l' ancienne tarification. Par exemple, bien avant la nouvelle tarification, la tranche de 0 à 60 kWh coûtait 83 F CFA/kWh; celle de plus de 60 à 197 FCFA/kWh. Selon Mahamat Senoussi Chérif, directeur général de la Société nationale d' électricité (SNE), même un Tchadien, qui gagne un salaire inférieur au minimum interprofessionnel garanti (60.000 F CFA par mois), peut accéder facilement à l'électricité.

"Le gouvernement a pris cette mesure drastique de réduire de 37% le coût de consommation de l'électricité, non seulement pour permettre l'accès de toute la population à l'énergie, mais aussi pour lutter contre le fraude", estime Mahamat Sénoussi Chérif.

Selon lui, les raccordements frauduleux sur les lignes, dans la capitale, représentent environ 80% de la consommation d'électricité. Pour réduire le taux de fraude, la SNE veut vulgariser l'utilisation du compteur prépayé.

Mais même réduits de 37%, les prix sur l'électricité au Tchad sont toujours chers, au regard de ceux pratiqués dans les pays voisins. Au Cameroun, par exemple, le prix de la consommation domestique est de 50 F CFA/kWh, si la consommation mensuelle ne dépasse pas les 110 kWh. Au-delà des 110 kWh, le prix du kilowatt passe de 70 F CFA à 79 F CFA.

A côté des prix, le gros problème du secteur électrique au Tchad reste la fourniture régulière. Il peut arriver que les consommateurs soient privés de courant électrique et d'eau pendant plusieurs jours, voire des mois.

Le besoin en énergie électrique de la capitale tchadienne tourne autour de 100 mégawatts, contre 80 mégawatts produits, affirme Mahamat Sénoussi Chérif. Or, jusqu'en 2010, la disponibilité de l'électricité à N' Djaména était de 25,2 mégawatts, contre 53 mégawatts dans tout le Tchad.

La production de la SNE est thermique. Selon son directeur général, plus de 80% de la production d'électricité est consommée par N'Djaména. Une dizaine de villes et centres secondaires disposent de réseaux indépendants, il n'y pas de réseau interconnecté dans le pays. Le taux d'accès à l'électricité ne dépasse guère 3 à 4% de la population du Tchad qui, en 20 ans, a doublé pour atteindre les 11 millions d'habitants.

"Le système de câblage de la société et les installations des équipements étaient dimensionnées au besoin de consommation d'il y a trente ans. Maintenant que la situation a évolué, il faut de nouvelles installations", explique M. Mahamat Sénoussi Chérif. Ainsi, seuls deux des sept groupes de la centrale de Farcha, dans le quartier industriel de la capitale, sont mis en marche.

"Sur les 60 mégawatts que produit la centrale de Farcha, nous n'utilisons que 16 mégawatts. Il nous d'autres câblages pour pouvoir distribuer toute cette énergie", insiste le directeur général de la SNE.

En dépit de ces problèmes, M. Mahamat Sénoussi Chérif promet que le délestage sera bientôt un lointain souvenir. Car le gouvernement est en train de faire des efforts colossaux pour fournir l'électricité partout et en tous temps.

Un accord de financement de 130 millions USD obtenu d'Exim Bank de Chine, il y a quelques mois, permet de financer le transport de l'énergie de la raffinerie de Djarmaya jusqu'à Lamadji, pour sa distribution dans la ville de N'Djaména. La raffinerie de Djarmaya, mise en activité le 29 juin 2011 à 80 km au nord de la capitale tchadienne par la compagnie chinoise CNPCI et le gouvernement tchadien (à hauteur de 60% et 40%), produit de l'essence sans plomb, du kérosène, du gazole, du polypropylène, du GPL et du fuel, mais également 20 mégawatts à mettre à la disposition de N'Djaména.

Dans un package de projets d'infrastructure, d'énergie et d'agriculture, qui seront exécutés avec un autre crédit d'Exim Bank de Chine de 1.040 milliards F CFA (environ 2 milliards USD) il est prévu la construction d'une centrale de gaz à Sédigui, dans la région du Lac.

"Avec la capacité du bassin pétrolier de cette localité, la centrale pourra produire 2.000 barils de pétrole par jour pendant 17 ans, ainsi que 100 mégawatts d'énergie électrique", déclare Mahamat Kasser, directeur général de la Société tchadienne des hydrocarbures (SHT). L'énergie produite par la centrale de gaz de Sédigui servira à alimenter N'Djaména, mais également quatre villes secondaires situées le long de la ligne de transfert.