L’Afrique centrale est dotée du plus grand potentiel hydroélectrique du continent: 650.000 GW/an, soit plus de 57%. Elle dispose aussi d’autres ressources primaires notamment la biomasse, le solaire, l’éolien, le gaz et le pétrole. Cependant, malgré tout cet énorme potentiel, cette région demeure la partie la moins électrifiée de toutes les sous- régions d’Afrique.
Pourtant, elle est caractérisée par un taux de production annuelle d’environ 4% contre 60% en Afrique australe; un taux de consommation par habitant qui se situe aux alentours de 109 kWh/an contre 740 en Afrique du nord et 1.600 en Afrique australe; un taux d’électrification d’environ 13% contre 90% en Afrique du nord; et une qualité des services caractérisée par des délestages intempestifs.
Ce fossé paradoxale a amené les ministres en charge de l’Energie dans l’Afrique centrale a adopté des approches stratégiques efficaces pour faire face aux défis énergétiques inhérents à leur région.
Au cours de cette réunion, ils ont évalué l’état d’exécution du plan d’action du Pool énergétique de l’Afrique centrale (PEAC), ainsi que le projet du budget 2015, équilibré en recettes et dépenses à plus de 4 milliards FCFA.
Une table-ronde des bailleurs de fonds sera organisée en 2015 à cet effet pour le financement des projets dont les études sont finalisées. L’accélération du processus de signature des protocoles d’accord sur l’interconnexion entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale d’une part, et l’aménagement du site de Dimoli et des lignes associées entre le Cameroun, le Congo et la République Centrafricaine, a été également recommandé au cours de cette réunion . Le conseil des ministres a, enfin, adopté le Document de stratégie de politique énergétique régionale du PEAC. « Les besoins sont importants et s’accroissent de jour en jour. A moyen terme, nous allons tout de suite être dépassés par la demande si, préalablement, nous ne prenons pas de dispositions pour augmenter notre production », prévient Mahamat Adoum Ismael, directeur général de la Société nationale d’électricité du Tchad, prenant comme exemple son pays.
« La sécurisation de l’approvisionnement en énergie dans notre sous-ensemble passe indubitablement par une plus grande impulsion en faveur de la réalisation des projets structurants inscrits au portefeuille des projets du Pool énergétique de l’Afrique centrale », conclut de son coté le ministre tchadien du Pétrole, des Mines et de l’energie, Djerassem Le-Bémadjiel.
Pour les leaders de l’Afrique centrale, le PEAC constitue donc la réponse appropriée à la sous-électrification et au déficit énergétique chronique de la région, vaste de plus de 6 millions km2 et peuplée de plus de 140 millions d’habitants.
Selon les membres de la CEEAC, la PEAC est un instrument de mise en œuvre d’une vision communautaire qui consiste à valoriser l’énorme potentiel hydroélectrique de la région pour satisfaire, d’ici 2025, toutes les formes de demandes en électricité au sein et en dehors l’espace CEEAC, via des boulevards énergétiques interconnectés et des marchés de libre-échange d’énergie électrique efficaces et prospères.
Le PEAC, créé le 12 avril 2003 par les chefs d’Etat de la région, a pour objectifs, entre autres, le renforcement de la sécurité d’approvisionnement en électricité des différents pays de la CEEAC; l’accroissement du taux d’accès à l’électricité des populations et réduction de la pauvreté; l’amélioration de la fiabilité du système électrique et de la qualité de la fourniture d’électricité dans l’ensemble de la sous-région; l’institution d’ un forum sous-régional où les problèmes du secteur de l’énergie sont examinés et des solutions appropriées trouvées dans le cadre des procédures et politiques définies en tenant compte des impacts sur l’environnement et la création d’un marché de libre-échange d’ énergie électrique.
P. AMAH