L’avion, sorti d’usine en 1991 et utilisé ces vingt dernières années par différentes compagnies, pour certaines opaques, peut théoriquement transporter jusqu’à 36 passagers. L’intérieur a été entièrement relooké (pendant dix-huit mois) par une entreprise spécialisée du Canada. L’attente valait la peine : même s’il n’est pas flambant neuf, le MD-87 de Mswati III dispose d’une suite royale, d’un salon VIP. Il est équipé d’un système moderne de Home vidéo, d’un téléphone filaire, d’un fax, du Wifi (pour surfer sur le Net), d’un lecteur mixte Blu-ray/DVD et d’un écran géant.
Le problème, c’est que le Swaziland est l’un des pays les plus pauvres de la planète, que sa population croupit dans la misère avec un revenu par tête d’habitant insignifiant et une espérance de vie de 48 ans, alors que son monarque et sa cour roulent carrosse et mènent un train de vie dispendieux, pour ne pas dire ostentatoire.
La colère de la population est d’autant plus vive que les autorités se refusent à indiquer si le jet royal est un « cadeau d’anniversaire », comme l’a déclaré le Premier ministre Barnabas Dlamini, sans pour autant préciser l’identité du généreux mécène, ou une acquisition sur les maigres fonds du royaume. De fait, à en croire une source diplomatique à Mbabane, la capitale, le somptueux présent émanerait d’un groupe minier indien en négociation avancée avec les autorités sur l’exploitation des immenses réserves en fer de ce petit royaume (17 363 km2) d’Afrique australe.