Lomé (© 2025 Afriquinfos)- Dans un communiqué, Éric Dupuy, chargé de communication de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), a condamné fermement la suspension, pour une durée de trois mois, des médias RFI et France 24 par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC).
‘’La suspension des 2 médias français s’inscrit dans une stratégie de manipulation. Sauf que cette fois ci, la mayonnaise du faux panafricanisme ne prend plus, le peuple est déterminé. Ces deux médias du groupe France Médias Monde ont été interdits d’émission au Togo au motif de propos jugés « tendancieux » ou « contraires aux faits »’’, a dénoncé l’ASVITO.
Pour l’ANC, cette décision autoritaire « vise à museler des organes de presse qui n’ont fait que leur travail : informer sur les dérives du régime RPT/UNIR et les manœuvres antidémocratiques entourant l’imposition d’une nouvelle Constitution, taillée sur mesure pour maintenir M. Faure Gnassingbé au pouvoir à vie ».
« La HAAC se déshonore en agissant comme le bras armé d’un pouvoir qui redoute la vérité. Cette censure constitue une violation flagrante de la liberté de la presse et du droit du peuple togolais à l’information », déclare Éric Dupuy.
L’ANC exige la levée immédiate de cette sanction et appelle à la mobilisation de toutes les forces démocratiques pour défendre la liberté d’informer.
France 24 et Radio France internationale ont été lundi interdites d’antenne pour trois mois au Togo, accusées d’avoir relayé des «propos inexacts et tendancieux» après des manifestations qui ont secoué le pays au début du mois. Cette suspension vient réduire un peu plus l’espace de diffusion en Afrique de l’ouest de ces deux médias publics français, suspendus depuis plusieurs années au Mali, Burkina Faso et Niger, trois pays sahéliens dirigés par des juntes militaires.
«Plusieurs émissions récentes ont relayé des propos inexacts, tendancieux, voire contraires aux faits établis, portant atteinte à la stabilité des institutions républicaines et à l’image du pays», a annoncé la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) du Togo, dans un communiqué. «Le pluralisme des opinions n’autorise pas la diffusion de contre-vérités ni la présentation partiale de l’actualité. La liberté de la presse ne saurait être synonyme de désinformation ou d’ingérence», poursuit l’institution qui pointe «des manquements répétés et signalés».
Les deux médias ont déclaré lundi soir dans un communiqué conjoint avoir «appris avec surprise» leur suspension «sans préavis», malgré un «contexte de dialogue pourtant soutenu et constructif» avec l’autorité de régulation togolaise. RFI et France 24 réaffirment par ailleurs «leur attachement indéfectible aux principes déontologiques du journalisme, comme leur soutien à leurs équipes qui délivrent chaque jour une information rigoureuse, indépendante, vérifiée, impartiale et équilibrée». L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a de son côté «condamné fermement la suspension arbitraire» des deux médias. Le directeur du bureau pour l’Afrique subsaharienne de RSF, Sadibou Marong, a «appelé les autorités à lever ces sanctions et à rétablir immédiatement la diffusion» de RFI et France 24.
La nouvelle Constitution adoptée en avril 2024 a permis à Faure Gnassingbé de consolider son pouvoir désormais au sein d’un régime parlementaire dont il occupe la plus haute fonction, celle de président du Conseil. Elle cristallise les tensions au Togo: l’opposition et la société civile accusant Faure Gnassingbé de vouloir rester indéfiniment à la tête de l’État, les autorités répondant que la réforme constitutionnelle vise plutôt à «dépersonnaliser» le pouvoir et renforcer «l’unité nationale et la cohésion du pays». Le Togo est dirigé depuis 2005 par Faure Gnassingbé, successeur de son père resté près de 38 ans à la tête du pays.
Début juin, des manifestations lancées sur les réseaux sociaux par des jeunes et des militants de la société civile ont eu lieu à Lomé pour protester contre le pouvoir.
Les manifestants dénonçaient notamment les arrestations de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle.
Les récentes manifestations avaient notamment été initiées par le rappeur Aamron, critique du pouvoir, qui avait été arrêté fin mai avant de réapparaître dans une vidéo le 5 juin, depuis un hôpital psychiatrique où il présentait des excuses envers Faure Gnassingbé.
Afriquinfos