Sud-Soudan : Un pipeline envisagé via l’Ethiopie, Djibouti et le Kenya

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En quête d'infrastructures et d'autres commodités pour sa construction, le pays fait appel aux investisseurs pour profiter des opportunités d'affaires, au-delà du secteur minier qui recèle 600 milliards de réserves, a fait savoir le ministre Akuong en marge du premier New York Forum Africa, plateforme de réflexion économique tenue du 8 au 10 juin dans la capitale gabonaise.

 

Question : Votre collègue tanzanien a annoncé que le Sud-Soudan pourrait être admis au sein de la Communauté des Etats de l' Afrique de l'Ouest. Comment accueillez-vous cette information ?

Réponse : Oui, c'est une information correcte. Nous avons soumis notre demande d'adhésion comme membre de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Le Sud-Soudan est un jeune Etat, il a besoin d'intégrer une communauté régionale. Nous estimons que nous faisons partie de l'Afrique de l'Est. Compte tenu de notre jeunesse, nous avons besoin de mettre en place certaines commodités au rang desquelles les infrastructures. Pour cela, nous avons besoin de l'appui de certains pays mieux avancés de l' Afrique de l'Est. Nous sommes fiers de pouvoir obtenir notre statut de membre de la communauté. Nous aurons des discussions pour savoir comment ça va se faire et quelles seront les obligations.

 

Q : Quelles sont les mesures que vous prenez pour une meilleure exploitation de vos ressources du sous-sol dont notamment le pétrole qui vous oppose à votre voisin du Nord ?

R : Le Sud-Soudan veut être membre de la Communauté des Etats de l'Afrique afin de devenir le plus grand pays producteur de pétrole de cette région. Nous avons en effet des difficultés à nous mettre d'accord avec le Soudan, l'ancien pays dont nous nous sommes désintégrés. La Communauté des Etats de l'Afrique de l'Est est un grand marché pour notre pétrole. Si nous mettons en place certaines industries telles que des raffineries au Sud-Soudan, nous pouvons exporter dans la plupart de ces pays notre production de pétrole. Aussi, nous avons besoin de bâtir notre économie nationale, parce qu'à cause de la guerre nous n'avons pas d' infrastructures telles que les routes, l'énergie, les banques, la formation professionnelle, le renforcement des capacités, etc.

 

Q : Comptez-vous construire un autre pipeline pour l'autonomie de l'exportation de votre pétrole qui vous oblige pour l'instant à utiliser le port du Soudan ?

R : Oui, avoir un ou deux autres pipelines, c'est la solution pour sortir de cette impasse avec le Soudan. En février, nous avons interrompu l'évacuation du pétrole par le Soudan, parce que le Soudan demande au Sud-Soudan de payer environ 36 dollars par baril de pétrole exporté, ce qui n'est pas réaliste. Sans avoir un accord avec le Soudan et même s'il y a cet accord, notre propre gouvernement doit songer à une autre solution pour exporter le pétrole. Même si l'exportation à travers le Soudan continue, nous n'aurons pas la possibilité d'exploiter les volumes souhaités. Nous réfléchissons à construire un pipeline qui passera par l' Ethiopie, Djibouti et le Kenya. Nous en avons la capacité, parce que le potentiel nous le permet. Actuellement, nos réserves de pétrole représentent à peu près 600 milliards de barils de réserves. Il s'agit là de réserves prouvées. Nous réfléchissons aussi à l'allocation de davantage de blocs à des compagnies qui en ont les moyens d'exploitation. Donc, les investisseurs sont encouragés à venir soit pour la construction des pipelines, soit pour les raffineries, avec des facilités d'investissement dans le secteur pétrolier. Ce secteur est immense et a besoin d'une diversification des investisseurs. Les Chinois, les Malaisiens, les Indiens sont là. Nous voulons aussi faire venir d'autres investisseurs d'Europe, des Etats-Unis, du Canada, d'Amérique du Sud.

 

Q : Comment appréciez-vous la coopération chinoise ?

R : Nous sommes ravis de la coopération chinoise, parce que la Chine est le premier pays à investir au Sud-Soudan. Nous avons besoin de cimenter nos relations avec la Chine. Par le passé, nous avions des difficultés, parce que la Chine se trouvait dans une position délicate à coopérer avec nous et en même temps avec Khartoum. Car, Khartoum était partenaire avec la Chine depuis très longtemps. Donc, la Chine était obligée de réajuster sa politique vis-à-vis du Sud-Soudan, pour le considérer comme un Etat indépendant qui peut faire les affaires avec elle, sans en référer à quelqu'un d'autre.

 

Q : Donc, c'est maintenant un partenariat stratégique ?

R : La Chine est un partenaire et nous allons renforcer le partenariat stratégique, non seulement dans le domaine du pétrole, mais aussi dans d'autres secteurs comme l'agriculture, les routes, l'énergie, etc.