Sommet UA : Omar el-Béchir soutenu par l’Union Africaine fait un pied de nez au CPI

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Après avoir assisté au sommet de l’Union africaine, l’avion de M. Omar  El Béchir  a décollé d’un aéroport militaire de Johannesburg, et les autorités de Khartoum ont rapidement confirmé que le chef de l’État était en route pour regagner son pays.

La veille pourtant, un tribunal de Pretoria, en réponse à une demande de la CPI lui avait interdit de quitter le pays tant que la justice sud-africaine n’aurait pas statué sur son cas.

La CPI, qui recherche le président soudanais pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, avait demandé à l’Afrique du Sud de procéder à son arrestation. Une arrestation qui n’a jamais eu lieu car  M. Béchir a tranquillement participé au sommet de l’UA allant même jusqu’à poser tout souriant au premier rang de la photo officielle dimanche avant de regagner son pays le lendemain.

Rapports tendus

Depuis des années, les relations entre la CPI et les chefs d’États africains sont tendues. Estimant le continent africain injustement ciblé, l’Union Africaine dénonce le fait que  les huit pays pour lesquels la cour  a ouvert des enquêtes depuis sa création sont tous africains.

L’UA s’est, de ce fait, plusieurs fois prononcée contre toute tentative d’arrestation du président soudanais, au nom de son immunité de chef d’État en exercice.

Mais la justice internationale ne l’entend pas de cette manière. «Si l’Afrique du Sud n’obtempère pas, elle se met dans le même panier que les régimes africains qui n’ont aucun respect pour les droits de l’Homme. En réalité, c’est un test pour l’Afrique du Sud», avait prévenu l’avocat spécialiste des droits de l’Homme Gabriel Shumba,  à Johannesburg à la fin du sommet.

 Même les Etats-Unis bien que n’étant pas membres de la CPI, se sont prononcés sur la question. «Nous soutenons fermement les efforts internationaux pour que les responsables de génocide, de crimes contre l’humanité et de crime de guerre rendent des comptes à la justice», a indiqué le département d’Etat dans un communiqué ce lundi. Des mises en garde qui n’inquiètent visiblement pas l’entourage de M. Béchir. Sur les ondes de Radio France Internationale, le ministre soudanais des Affaires étrangères  Ibrahim Ghandour a estimé que  «à chaque fois que le président el-Béchir participe à une conférence, notamment en Afrique, ils font ce genre de déclaration. Nous pensons que c'est tout simplement pour faire de l'ombre aux sujets qui sont discutés lors de ce genre de sommet». «C'est énervant, mais nous sommes habitués», a-t-il poursuivi.

 La veille, ce dernier avait déclaré que cette mesure de la justice sud africaine ne concernait en aucun cas son chef d’Etat. «Cette action en justice, c’est l’affaire du gouvernement sud-africain. Nous sommes ici comme hôtes du gouvernement sud-africain. Des assurances ont été données par ce gouvernement», avait déclaré Ibrahim Ghandour.

A 71 ans, le président soudanais au pouvoir depuis un coup d’Etat en 1989 a été réélu en avril dernier sans opposition avec 94% des voix pour un nouveau mandat de cinq ans. Pour certains  observateurs, ce soutien de l’UA à Omar El Béchir pourrait écorcher ses idéaux de paix, de justice, de la bonne gouvernance et du développement durable autour desquels gravitent ses pays membres.

 Larissa AGBENOU