Kinshasa (© 2020 Afriquinfos)-A l’issue d’une visite de cinq jours en République démocratique du Congo (RDC), la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a déclaré avoir constaté une amélioration de la situation des droits humains dans ce pays.
Mme Bachelet a entamé sa visite le 23 janvier dans la province d’Ituri à l’est du pays, où elle a échangé avec le ministre des Droits humains et les membres du comité provincial de sécurité.
Elle a aussi rencontré les communautés Hema et Lendu avec qui elle a évoqué les atrocités commises dans le territoire de Djugu, qui selon un récent rapport de son bureau, constitueraient des « potentiels crimes contre l’humanité ».
Dans la capitale congolaise Kinshasa, Mme Bachelet a rencontré notamment le Premier ministre Sylvestre Ilunga et la Présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, pour discuter des questions sécuritaires, de la justice, des violences sexuelles et d’un éventuel appui de l’ONU.
Au terme de sa visite, la Haut-Commissaire a accordé un entretien exclusif à Radio Okapi, la radio des Nations Unies en RDC. Mme Bachelet s’est félicitée des progrès en matière de droits civiques et politiques, soulignant toutefois sa préoccupation face au fait que les acteurs étatiques soient pour 54% responsables des violations répertoriées et que les violations par les groupes armés aient augmenté de 40%.
Dans l’ensemble, il y a une réduction de 3% du nombre des violations des droits de l’homme vérifiées. Cependant le nombre et la gravité demeurent préoccupants pour la population. Le fait que les acteurs étatiques soient responsables de la majorité de ces violations, à hauteur de 54%, m’inquiète particulièrement. Ils ont commis moins de violations, mais ont toujours la plus grande responsabilité.
Les Forces armées de la RDC (FARDC) en particulier sont responsables du plus grand nombre de violations vérifiées, 28%, ce qui démontre qu’au-delà de leurs limitations dans la protection des civils, elles ont un rôle actif en tant qu’auteur.
Le gouvernement a donc besoin de mener des actions décisives pour mettre fin aux exactions commises par les forces de sécurité et les forces armées.
« D’un autre côté, on observe une augmentation de 40% des violations et atteintes aux droits de l’homme perpétrées par les groupes armés, avec un effet dévastateur sur les civils.
Donc, nous constatons une légère baisse d’une façon générale, la proportion des actes commis par les acteurs de l’Etat se maintient, et l’on observe une hausse d’activité des groupes armés. L’autre chose qui nous préoccupe, c’est l’augmentation des violences sexuelles. »
« Mais il est aussi important de souligner les progrès qui ont été accomplis et il y a eu une baisse de près d’un tiers, (-26%), dans le nombre violations des droits fondamentaux de libertés, telle que l’ouverture de l’espace démocratique, le droit à la manifestation, à la liberté de la presse, la libération de prisonniers politiques.
« C’est une évolution positive que nous reconnaissons pleinement. Toutefois, il est important de continuer de faire tous les efforts afin qu’il n’y ait aucune violation de droits politiques et civiques, y compris les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme ou d’autres acteurs de la société civile et, bien sûr, les manifestations doivent continuer d’être libres et sans répression. », a conclu Mme Bachelet.
Xavier-Gilles CARDOZZO