Sainte-Juliette-sur-Viaur (© 2025 Afriquinfos)- Né au Togo, S. Worou intègre l’école des sous-officiers de Rochefort, retourne en Afrique où il est enrôlé dans l’armée togolaise mais déserte aussitôt. A 26 ans, il s’installe en France dans un petit village de l’Aveyron, Sainte-Juliette-sur-Viaur, duquel il est élu maire en 2014.
Simon Worou évoque avec humilité, vérité et objectivité son destin qui l’a amené des rives du fleuve Anié au Togo jusqu’au bord du Viaur, dans le Ségala aveyronnais, en passant par le petit séminaire et le métier des armes.
Athlétique et taillé pour le rugby qu’il affectionne tant, Simon ne cache rien de ce qu’il appelle son ambition, c’est-à-dire sa volonté de saisir toutes les opportunités qui se présentent à lui, dans le respect de la tradition et de l’éducation qu’il a connues dans son Togo natal, pour les mettre au service des autres.
Simon est ainsi devenu un homme de devoir : à force de patience, d’intelligence et de modestie, il fait ce qu’il estime être son devoir pour aider à vivre ensemble les humains dont il a accepté la charge.
Élu Maire de Sainte-Juliette-Sur-Viaur en 2014 malgré les oppositions féroces, réélu en 2020, il a montré que cette élection ne devait rien au hasard mais tout aux qualités d’intelligence, de coeur, à la compétence et à la volonté d’un homme, Noir africain issu d’une ancienne colonie française.
Un écrivain dans l’âme
Dans son premier ouvrage Simon Worou, Enfant du Togo, Maire en Aveyron (nouvelle édition augmentée, octobre 2024), il raconte son parcours personnel, les défis qu’il a rencontrés en tant qu’immigrant et ses premières expériences en politique locale.
Ce témoignage autobiographique se fait l’écho des difficultés rencontrées par ceux qui cherchent à s’intégrer dans un environnement étranger.
Dans son deuxième livre Nos 1001 façons de vivre (2024), Simon Worou prend un tournant en abordant des problématiques sociales et humaines contemporaines, telles que la maladie, les addictions, et les liens avec l’Afrique.
Simon Worou poursuit ainsi son œuvre de transmission, aussi bien par ses engagements politiques que littéraires, avec une approche humaniste et ouverte sur le monde.
Ses beaux-parents n’avaient jamais vu de noirs
« Je faisais mes études de sous-officier dans l’armée de l’Air française, à Rochefort (ouest) et j’étais invité chez les parents de ma (future) femme. Ses grands-parents n’avaient jamais vu un +black+ de leur vie… Puis mon beau-père – un agriculteur très ouvert – m’a demandé d’aller jouer au rugby dans le village voisin de Cassagnes-Bégonhès. Et j’ai été épaté de l’accueil, adopté« .
« Les coups durs, il en a pourtant connu sur le terrain quand les supporters lui lançaient des +rasta+, +mange ta banane+, +sale nègre+« , se souvient Olivier Rebois, son entraîneur de rugby à partir de 2000 et son ami.
Le racisme, Simon dit aussi l’avoir « senti un peu dans le boulot » quand il prenait tous les emplois du coin – dépeceur de cochons à l’abattoir en journée et portier de bowling en soirée – avant de gérer une équipe chargée de la propreté à la mairie de Rodez.
V.A.